More Eaze (Mari Maurice) et Claire Rousay sont des expérimentalistes au sens propre du terme, et cet album illustre bien leur étendue. Sorti le 10 mars 2020, If I Don’t Let Myself Be Happy Now Then When ? est un ensemble de trois collages sonores avec des percussions d’objets trouvés, des manipulations électroacoustiques, des breaks de guitare et de voix avant-pop et une bizarrerie générale. Ce ne sont pas tant des chansons ou des compositions, mais des bruits structurés avec des textures variées qui mutent et se transforment tout au long de leur durée.
Par exemple, l’avant-pop a un fond plus ou moins en évolution constante, composé de percussions sans rythme et d’électronique, avec des voix traitées qui montent de temps en temps. Mais il se termine par un mur de bruits dense et liquide, sculpté à partir d’une grande variété de sources. La post-op suit avec un ensemble de drones qui se chevauchent et quelques voix éparses, avec des crépitements électroniques en arrière-plan. Ce dernier se construit pour dominer le morceau dans sa seconde moitié.
Ces morceaux présentent une vulnérabilité fragile et une mélancolie plus que nostalgique. Il est difficile de les classer autrement – peut-être à cause de leurs similitudes avec William Basinski – mais Maurice et Rousay sont sur leur propre tangente, étrangement addictive et entropique.
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