Le Chão Vermelho de la violoncelliste et chanteuse Joana Guerra propose une série de lamentations sur le sol de plus en plus sec dans la région du sud du Portugal où vit Guerra. Elle est à la fois folklorique, tribaliste et expérimentale, mais dans tous les cas, elle porte ses émotions sur sa manche – principalement la tristesse, mais avec des éléments d’amour et d’espoir. Guerra elle-même, ainsi que son violoncelle et sa voix (principalement en portugais, mais en anglais sur « White Animal »), joue également de la guitare portugaise, de la guitare électrique et du clavier, et est accompagnée par des amis qui lui apportent violon, percussions, « objets », basse et voix supplémentaire. La longueur de cette liste suggère un son occupé, ou une fête, mais il n’en est rien. La plupart des morceaux sont limités à deux ou trois interprètes au maximum, se concentrant sur un instrument chacun et en mettant l’accent sur l’espace entre les notes.
La virtuosité et la complexité inutiles ont été réduites pour se concentrer sur la texture et l’expressivité de chaque note et de chaque pince – bien qu’il semble y avoir au moins une légère sensation de plaisir dans le processus de pliage du son, comme le montrent par exemple les basses caoutchouteuses de « Lume ». Il y a soit un côté discordant, soit une attitude à l’égard de l’archet dans des titres comme « Onna-bugeisha », et un fort sens théâtral qui se manifeste sur des morceaux comme « Oasis ». C’est un mélange inhabituel de pièces un peu plus longues, cinq ou six minutes, qui contrastent avec des esquisses minuscules par exemple les 26 secondes de « Entropicar », ou le solo de violoncelle frénétique qui parcoutr « Reducao ». Il y a à la fois une morosité et une intimité en jeu sur ceChão Vermelho qui est parfois inconfortable, mais il y a une puissance derrière cela qui en fait une expérience d’écoute très engageante quelle que soit l’huleur ici dégagée.
***1/2