Double Bind est la sortie la plus importante de cette artistes de Los Angeles après une suite enchantée de drones techno pulsés et d’expériences ambiantes entremêlées d’une glossolalie vocale, spectrale puisque narrée en langue étrangère, et un opus nomme Dream State en 2019.
Rassemblant ses réflexions de l’année dernière dans un deuxième album insaisissable mais fortement évocateur, à proprement parler, l‘artiste interdisciplinaire s’inspire d’une période sombre mais transformatrice où le monde a radicalement changé pour fournir ce qu’elle appelle « une expression verbale supplémentaire de mon expérience intérieure ». Le résultat se traduit ici en fournissant un espace éthéré mais suffisamment sympathique et rassurant pour que les esprits puissent errer et, peut-être, se perdre avec volupté pendant un certain temps.
Les sept compositions se déploient avec une certaine sorte de climat angeleno façon Lynch;un L.A. noir qui conjugue ambiance moite, trône techno où le drone systolique de« Mirror Glimpse » nous attire dans des ruelles de rêve éveillées entre l’ambiance de béton texturé et les voix sans tête de « Leveled Ground Bottomless Pit ». Ces drones réverbérants nous rappeleront les œuvres oniriques de Delia Derbyshire et des démonstrations de minimalisme plus puissantes physiquement qui évoquent Eleh via Marina Rosenfeld dans la pièce maîtresse de 11 minutes « Urstomtal », en passant par des panoramas post-apocalyptiques appropriés que sont « There Is A Universe Where Time Flows Backwards » comme pour nous faire éprouver ce que nous aurionspu ressentir lors des feux de forêt infernaux de Californie.
On pourra ainsi se laisser happer par ces flux et reflux qui frappent à la porte de ce mond de demain, inconnu mais mouvant vêtu qu’il est de mantras synthétiques dont la beauté venimeuse est ouverte sur l’espace et l’inini.
***1/2