Hey Clockface, enregistré et mis en scène à Helsinki, Paris et New York, et mixé par Sebastian Krys à Los Angeles, montre que – tout ce que l’on pense être attendu d’Elvis Costello – est faux. C’est un album romantique, déroutant, intime, sinistre – mais surtout, c’est un opus exaltant.
Chaque morceau prend une gamme d’émotions et de dynamiques différentes, et le résultat est quelque chose qui atteint dans sa sonorité la puissance surréaliste de Jean Cocteau, combinée à la riche composition des pionniers du cinéma pas trop éloignés de ceux de Georges Méliès.
C’est pour cette raison qu’il émet un niveau de profondeur qui vous laisse parfois dans l’incapacité de déterminer ce qui est quoi, et d’autres fois, vous vous sentez attiré, comme dans ce « What Is It That I Need That I Don’t Really Have? »ou ce « Byline » qui vous imprègnentde riches tapisseriesfaites de réflexions intimes qui vous font instantanément sentir transporté dans les villes où elles ont été créées.
A l’inverse, « We’re All Cowards Now » est plus insistant et quelque peu colérique dans son comportement. Il s’agit de faire l’expérience de la rage et du manque de raison ; une émotion qui réside dans la plupart d’entre nous mais que nous abordons tous différemment. « Hey Clockface » exprimera un type de conjecture similaire, en adoptant des tropes plus optimistes et en abordant d’une manière presque ironique l’agacement de la rapidité – ou de la lenteur – du temps quand on le veut le moins.
En parlant de la gamme émotionnelle et dynamique du disque, Costello a déclaré : « Je voulais que le disque soit vivant, que les chansons demandent à être jouées de manière forte et déchiquetée ou intime et belle ». C’est exactement ce que livre Hey Clockface – un disque qui, d’un moment à l’autre, est truffé de ricanements imprévisibles, presque comme le monde dans lequel nous nous trouvons tous aujourd’hui.
***1/2