Eartheater Phoenix: « Flames Are Dew Upon My Skin »

Phoenix : Flames Are Dew Upon My Skinarbore une surcharge sensuelle. C’est une collection exubérante de chansons pop à paillettes parsemée d’une myriade d’arrangements et de sensibilités de production pour masquer ce qui est vraiment la cinquième longue composition d’Alexandra Drewchin : son disque le plus vulnérable à ce jour.

Eartheater n’est pas un auteur-compositeur-interprète au sens classique du terme. Sa marque de folk est trop audacieuse, trop étrange, pour entrer dans le moule du genre. Le morceau qui ouvre son dernier album, « Airborne Ashes », peut vous faire croire que Drewchin a enfin baissé sa garde et s’est ouvert pour vous faire pénétrer dans les recoins les plus profonds de son art labyrinthique avec une mélodie facile à suivre, riche en mélodie et dure en expérimentation. Mais ce qui suit n’est pas pour les cœurs défaillants, et le refrain de « Below the Clavicle » sera le premier baptême du feu pour beaucoup.

Drewchin excelle dans l’élaboration de textures dont le toucher sonore peut sembler trop brutal pour ceux qui ne connaissent pas des artistes comme Pharmakon ou Gazelle Twin, mais qui sont bien plus douces que l’enfer sonore que vous font vivre les alchimistes du son mentionnés ci-dessus. Eartheater peut sembler et sonner plus dur que ce qu’il est réellement, ce qui n’est pas surprenant quand on regarde une succube absorber des étincelles par son rectum, mais dans son noyau, Phoenix… est un disque d’acoustique sensible, protégé par des démons de bruit enjoués et des intermèdes apparemment insurmontables.

« How to Fight » et « Volcano » sont deux bonnes représentations de ce qui se trouve au cœur de Eartheater. L’un est mené par un simple grattage de guitare et de belles harmonies vocales et l’autre reflète le Björk de l’époque de Vespertine avec des staccatos de harpe réverbérés et des notes de piano spacieuses qui mettent le chant puissant de Drewchin au premier plan. « Fantasy Collision » est un autre joyau caché, hypnotique et rappelant légèrement le chant sincère mais ininterrompu de Jenny Hval.

La dernière partie de Phoenix… ne manque pas de surprises. Le choral corrompu de « Mercurial Nerve » mène à un interlude purificateur d’oreilles avant qu’un autre petit morceau lo-fi arpégé appelé « Bringing Me Back » ne transporte l’auditeur dans une sorte de rêve folklorique psychédélique des années 60 qui culmine avec deux autres morceaux du même sang en pleine splendeur, signant le dernier travail d’Eartheater avec une abondante dernière charge d’harmonies et de chants allégoriques.

Avec Phoenix : Flames Are Dew Upon My Skin, Alexandra Drewchin trouve un équilibre parfait entre la pop queer de ses premières œuvres et la richesse de ses compositions qu’elle a cultivées au fil des ans, et tout cela se retrouve gracieusement dans sa dernière œuvre comme de la lave faisant fondre un iceberg. Si un album pouvait exprimer son art polychrome avec élégance et précision, ce serait sans aucun doute celui-ci.

***1/2

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