Joe Talbot va devoir prendre du temps sur le dernier album du groupe, Ultra Mono, pour viser ses détracteurs. Avec quelques références à des paroles classées et en faisant fi de ceux qui l’ont accusé de faire des slogans, on peut se demander pourquoi il y a eu tant d’agitation au départ. En travaillant sur ses propres problèmes, Joe Talbot, le leader d’IDLES, a fait preuve d’une positivité à toute épreuve que tout le monde ferait bien de soutenir. Ici, Talbot ajoute à sa liste de plaintes le consentement sexuel et l’escroquerie au prix des médicaments sur ordonnance. Se plaindre de la politique de bon sens d’IDLES, c’est un peu comme s’aligner contre des chatons et des arcs-en-ciel.
Et pour dissiper un autre point de discorde au pays des griefs mineurs, s’il y avait la moindre crainte de voir le groupe se ramollir de Brutalism à Joy As An Act of Resistance, le premier morceau s’en débarrasse habilement. En guise de déclaration d’intention, « War » est le morceau d’ouverture le plus efficace et le plus percutant que vous entendrez probablement cette année. Le travail de guitare de Mark Bowen, ici et tout au long de l’album, est au premier plan. Sur « War », les guitares sont tordues et torturées comme le soufflet de Talbot sur les victimes de « waaaaaaaaarrrrrrrrr !!!!!! » C’est une guerre contre la guerre comme le disait subtilement Jeff Tweedy de Wilco, mais, sur Ultra Mono, c’est un appel clair aux armes et un message à tous ceux qui doutaient de la sincérité du groupe.
C’est toujours une joie de découvrir des albums où le groupe n’a pas sorti ses meilleurs titres au début du processus de sortie. « War », ainsi que le duo de Jehnny Beth (Savages), « Ne Touche Pas Moi », se tiennent debout sur un album globalement très solide. Traduit par « ne me touchez pas », Talbot et Beth nous livrent un hymne particulièrement féroce, « gardez vos mains pour vous » (keep your hands to yourself) ). Pour un groupe qui donne le meilleur de lui-mêmes en live, vous pouvez imaginer la quatrième rupture de sonique métamorphosée ainsi par Talbot : « C’est mon espace de danse. C’est votre espace de danse » (This is my dance space. This is your dance space) suivie de rappels répétés au consentement », cela ramènera un véritable regain d’énergie en milieu d’album.
Musicalement plus varié que les précédents, « Grounds » jette dans le mix des synthés dégradés à la Gary Numan, tandis que « Kill Them With Kindness » a une fausse façade qui laisse place à une pédale plus ouvertement espacée, rappelant les premiers Wire. Mais la subtilité est toujours aussi rare, de la frustration pure et simple d’« Anxiety » au coup de feu direct de Talbot à la presse musicale sur « The Lover ». Il n’y a pas de griefs ici, car les IDLES nous livrent leur album le plus cohérent à ce jour, avec une poignée de leurs diamants les plus bruts qui brillent à travers. Le fait qu’Ultra Mono n’ait pas de « single » devrait convenir parfaitement à leurs fans sur le terrain.
***1/2