Sur leur nouvel album, Imploding The Mirage, il y a des moments où The Killers se sentent bien en deça de la force imparable de la nature. C’est un disque rempli d’exhortations à la tempête, un album baigné de tonnerre et d’éclairs ; un groupe qui déferle dans le désert, les puissants hymnes du groupe qui déferlent sur les stades manquent d’ironie, mais s’orientent plutôt vers le genre de rock affirmant la vie que Brandon Flowers a passé sa vie à essayer de perfectionner.
Wonderful Wonderful en 2017 a mis fin à l’éloignement des Killers d’une manière ou d’une autre, en présentant un groupe dont l’appétit rauque n’a pas encore été assouvi. Imploding The Mirage met en valeur ces réalisations sans effort, un sommet de carrière pour le groupe de Las Vegas, en mettant en avant les perspectives ouvertes si puissamment explorées dans leurs paroles contre de tendres évocations d’amour et de foi.
D’une certaine manière, c’est un disque déchiré entre deux pôles. Parfois, The Killers se rapproche du rock des cols bleus alors que la légende de Fleetwood Mac, Lindsey Buckingham, apparaît sur « Caution » et que que K.D. Lang fait une belle apparition sur « Lightning Fields » comme pour tempérer les ambitions de Brandon Flowers. Mais il y a aussi une soif expérimentale, un désir ardent de créer un lien avec l’underground – l’artiste canadien secret Alex Cameron co-écrit quatre chansons, tandis que Weyes Blood est le contrepoint évocateur de la déclaration spirituelle « My God » de The Killers.
Il y a même une étrange citation musicale, aussi. « Dying Breed » est la déclaration d’un groupe hors du temps, un groupe qui a longtemps surpassé ses pairs – et pourtant il s’ouvre sur un rythme de moto bouillonnant, style Neu !, échangeant l’autoroute contre une route du désert. Le titre des années 80 « Running Towards A Place » fait référence aux racines du groupe, tout en faisant un clin d’œil à l’œuvre centrale des esthètes écossais The Blue Nile.
Lorsque The Killers équilibrent ces deux instincts, Imploding The Mirage atteint des sommets insurmontables. L’ouveture, « My Own Soul’s Warning », se transporte dans une ambiance de béatitude pendant ces premières mesures, avant d’exploser hors des pièges pour se transformer en un monstre de lutte et de jaux avec les poings. « Fire In Bone » affectera l’hédonisme de Simple Minds, le groupe qui embrasse de grands espaces, s’assurant des vues infinies comme un miroir de leur propre désir artistique insatiable.
Le « single » de plomb qu’est « Caution » cristallise parfaitement ce que The Killers s’efforcent de réaliser. En entrant dans la ruche d’exploration sonore, le groupe se concentre soudainement sur une performance de Brandon Flowers qui déchire les nerfs et fait éclater les poumons, et sur des paroles qui transforment l’auto-réflexion de Las Vegas en une sorte de quête d’auto-mythologisation du rêve américain doré.
Avec des sonorités de stadim rock pures, sans fioritures, et un cœur d’or, Imploding The Mirage trouve que The Killers offrant ici l’un des plus grands albums de leur carrière, tant sur le plan sonore qu’émotionnel. C’est une réussite propulsive, qui pousse leur écriture à la limite de l’excitation, d’une manière qui n’a rien à voir avec le diable. Sans ironie et imprégné de sentiments jusqu’à ce qu’il éclate, Imploding The Mirage est le contrepoint idéal à la claustrophobieangrangée par la quarantaine – c’est le son d’innombrables portes qui s’ouvrent, avec The Killers qui s’éloignent de leurs limites dans une explosion d’ambitions opportunément non diluées.
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