T. Gowdy: « Therapy With Colour »

Le titre de l’album décrit clairement l’intérêt principal de T. Gowdy dans ce domaine, bien que la musique qui s’y trouve adopte une approche discrète de l’atteinte d’états thérapeutiques. Trop souvent, les disques qui cherchent explicitement à être méditatifs me donnent l’impression d’être un sujet chirurgical, avec toute la musicalité fortement penchée vers l’objectif premier qui est de trafiquer les ondes cérébrales. De tels efforts peuvent me sembler prédateurs dans leurs tentatives de me recâbler la tête, ce qui me rend réticent à accorder à ces énergies sans visage un accès aux signaux les plus intimes de mon être. Malgré les techniques clairement maniées qui s’inspirent des expériences de T. Gowdy avec la Nova Pro 100 Light and Sound Mind Machine (comme un scintillement stéréo persistant qui fait osciller notre attention), il s’agit avant tout d’un beau disque, dont la priorité est de savourer les courbes et les joies tactiles de ses matériaux.

Même dans les passages manifestement hypnotiques, comme le bourdonnement de gauche à droite sur « Depse », les sons sont un délice à tenir dans la tête ; flottants comme un ballon de plage et en trois dimensions, suspendus dans les échos d’espaces modestes et sans prétention, ornés d’harmonies de synthétiseur qui couvrent la surface du disque comme des lichens. Les textures migrent au fil de répétitions persistantes, mais pas par une transformation linéaire d’une forme à une autre.

Au contraire, elles s’inclinent vers de nouveaux états puis se balancent doucement, comme des fleurs qui obéissent brièvement à la brise avant de reprendre leur trajectoire photosynthétique. La chanson titre en est un exemple particulièrement beau, avec un synthétiseur de bavardage qui donne l’impression qu’un petit doigt tape sur le sommet du crâne, le ton s’amincissant et s’élargissant comme s’il modulait le point d’impact entre le bord pointu de l’ongle et le nœud du doigt lui-même. Tout comme pour la meilleure musique de danse – et l’album comporte certainement des moments qui frôlent la techno minimale – le mouvement est exécuté sans contrainte ni artifice. L’élégance est la clé, et Therapy With Colour réussit à nous guider vers des états de conscience plus riches sans avoir l’air d’essayer.

***1/2

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