On peut être débordant, rempli de choses que l’on veut dire, de sentiments que l’on veut partager, d’amour que l’on veut exprimer. C’est tellement compliqué que, souvent, ça semble sans espoir de pouvoir mettre la totalité de cette complexité, aussi amorphe et intangible soit-elle : qui est-on pour la partager ?
Dans la nature, rien n’est exigé de vous : les espaces que vous traversez, dans lesquels vous nagez ou sur lesquels vous volez n’attendent rien, sont incapables de recevoir. D’une certaine manière, il est dommage que les paysages que nous aimons tant ne puissent pas entendre ou sentir les choses que nous leur professons, et pourtant cette asymétrie présente une relation unique. Dans un monde beau mais indifférent, ce avec quoi on résonne le plus et ce avec quoi on se sent le plus à l’aise en présence, c’est la nature elle-même.
Il n’y a rien dans un endroit qui pourrait changer la façon dont nous ressentons ou modifier notre affection envers ses grâces subtiles ; elles donnent si librement et nous imprègnent d’une gratitude non réciproque. C’est l’essence de l’étonnante ouverture de 21 minutes, un arc de brillance de bourdon qui jaillit de la terre elle-même, un monde de formes et de moments déversés pour nous à travers nos yeux et dans notre cœur.
Dans sa portée, on n’est pas soi, on est plus, un entrelacement de soi et d’espace où on se sent libre de se sentir dans tout son fragile chaos. Nous sommes plus que la somme de nos parties ; le son est beau pour nous, à cause de cette connexion, de tout ce que jl’on tient en soi, de chaque moment qui a conduit à cela. En elle, on peut être n’importe quoi, ressentir cependant, exprimer tout, libre de déverser ce qui est impossible à dire.
Nous voici de nouveau avec vous, à la limite de l’expression non réalisée et du gouffre sans limite et pourtant infranchissable. On ne peut pas distiller pour vous là où solitude nous emmène, mais cette fois on n’a pas à le faire puisque Hakobune vous y emmènera lui-même.
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