Dernièrement, la violoncelliste Clarice Jensen, cofondatrice du groupe polyvalent de musique nouvelle American Contemporary Music Ensemble, s’est tournée vers la création d’œuvres solos utilisant des effets électroniques. L’idiome peut sembler idéal pour notre état actuel d’isolement, mais la musique de son album The Experience of Repetition as Death rejette le nombrilisme méditatif. Jensen déploie des boucles et des couches pour évoquer l’expérience de s’occuper de sa mère en phase terminale dans ses dernières semaines, en adoptant des concepts de Freud et de la poétesse féministe Adrienne Rich comme idées structurelles. De simples répétitions dans « Daily » rappellent les tâches élémentaires d’un concierge – leur pénibilité est sous-entendue alors que les bords de la musique s’adoucissent et s’estompent progressivement.
Le vocabulaire électronique de Jensen peut étonner : un bourdon guttural dans « Day Tonight » ressemble à un chant tibétain, et, dans « Metastable », le bip incessant des moniteurs de l’hôpital se transforme en une étude majestueuse d’un orgue à tuyaux « Holy Mother », une hrénodie montagneuse balayée par le vent, et « Final », où des crépitements nostalgiques précèdent un choral à la voix simple, semblable à un hymne, complètent cet album d’une puissance quasi surnaturelle.
***1/2