Revel in the Drama est le follow-up de Through the Night de l’auteure-compositrice-interprète britannique Ren Harvieu et il conserve la plupart des influences rétro pétillantes de l’opus initial. Mais comme cette sortie a eu lieu il y a huit longues années et qu’elle na ps véritablement déchaîné les passion, elle ressemble à un nouveau départ pour l’opulente vocaliste. À moins qu’elle ne soit une nouvelle introduction à un talent qui devrait faire tourner les têtes.
Harvieu a rencontré e frontman de Magic Numbers, Romeo Stodart, en 2015 et a passé la majeure partie de deux ans à co-écrire et à collaborer sur ces douzaines de chansons. À égalité avec Phil Spector, Dusty Springfield, Shirley Bassey, Duffy et Lana Del Rey, Harvieu travaille sur le territoire de la pop rétro sur grand écran servie qu’elle est par une voix étonnante, alternativement puissante, innocente et sexy. Ceux qui apprécient l’album Goodnight Rhonda Lee de Nicole Atkins, bien accueilli en 2017, graviteront autour de cette tranche de pop aux influences « torhy » des années 60 et à son registre similaire.
Leiber & Stoller ont dit : « Nous n’écrivons pas de chansons. Nous écrivons des disques », et cela pourrait s’appliquer à ces compositions. Tout comme ses influences, il y a peu de rock approximatif sur Revel in the Drama malgré l’ouverture martelée qu’est « Cruel Disguise ». Il s’agit plutôt d’une alternance de chansons mélodramatiques et fantaisistes, entièrement formées et arrangées de façon élaborée, qui auraient pu être incluses dans une comédie musicale de Fred Astaire ou une production de Shadow Morton Shangi-Las… ou les deux. La musique se gonfle et palpite d’orchestrations luxuriantes et de guitares occasionnelles, la voix d’Harvieu menant avec ses réverbérations quasi opératiques. Pensez à Roy Orbison tel que canalisé par K.D. Lang et vous aurez une idée de la pop étincelante qui se dégage de morceaux comme « Teenage Mascara » et « Curves & Swerves ». Sur ce dernier, elle chante d’une voix feutrée mais déterminée cette phrase emblématique : « Peut-être que je suis beaucoup trop pour un garçon comme toi ».( Maybe I’m much too much for a boy like you)
Comme les influences mentionnées il y a ici beaucoup de sexualité sous-jacente. De « My Body She Is Alive » à la sensuelle batterie de battements de cœur qui se propage dans « Yes Please » »avec des textes comme « Nous pouvons jouer aux aveux les plus sombres/ Mais tu dois te mettre à genoux… Es-tu sûr de vouloir jouer avec le feu ? »(We can play out all your darkest confessions/But you gotta get on your knee…Are you sure you want to play with fire), un album qui, donc, permet d’occuper son esprit.
La somptuosité, la peluche et l’ambiance somptueuse de chansons comme « This Is Our Love » avec ses cordes chatoyantes, son vibraphone et sa pédale en acier rendent le style d’Harvieu unique, certainement dans la musique contemporaine, mais aussi comme une combinaison de styles plus anciens, généralement noirs, que l’on trouve souvent dans le catalogue American Songbook. Il faut espérer que cet album en peluche, magnifiquement arrangé et produit, obtiendra plus de visibilité que sa précédente sortie ; il serait frustrant de devoir attendre encore huit ans pour sa suite. Ne reste plus qu’à suivre les conseils de son titre et de savourer le drame (Revel in the Drama).
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