Une brève et charmante rhapsodie classique ouvre le dernier album de Pokey LaFarge, créant une ambiance calme avant qu’il ne se laisse aller avec un « End of my Rope », qui fait la navette dans son style Americana plus familier. Ce morceau vivant et dansant est accrocheur et immédiatement sympathique, avant qu’un piano honky tonk plus bluesy ne conduise à « Fuck Me Up ».
Ce dernier titre a apparemment été écrit avant que LaFarge n’atteigne un moment décisif de sa vie qui semble avoir tourné au pire. Il a écrit cette chanson d’autodestruction et il admet volontiers : « J’ai écrit ce disque avant la chute de la grâce, et il a ensuite été enregistré après la chute de la grâce. Vous voyez donc comme cela peut être étrange ! Ce que je recherchais, c’était la paix et l’humilité après un carnage, des choses que j’avais détruites, et – apparemment à l’époque – complètement détruites. J’essayais simplement de survivre ». (I wrote this record before the fall from grace, and then it was recorded after the fall from grace. So you see how that could be kind of odd! What I was searching for was peace and humility in the aftermath of carnage, of things I had wrecked, and — seemingly at the time — completely destroyed. I was just trying to survive.)
Après ce message destructeur, l’album passe à « Bluebird », une chanson inspirée par la boisson et la danse de LaFarge jusqu’aux petites heures du matin, éléments qui représentent certains des démons qui se sont emparés de lui. Si vos pieds ns’aoccient pas au tempo, vous n’êtes pas normal et manquez d’âme sur cette ode à une dame suite à une rencontre amoureuse.
Une courte reprise entraîne l’album avant « Lucky Sometimes », où une autre romance est évoquée dans cet air de salon où l’on peut l’imaginer appuyé contre un piano, un whisky à la main, une cigarette tombant des doigts rappelant sa chance de trouver un partenaire amoureux et célébrant le fait que « même les clochards ont parfois de la chance ». (even bums get lucky sometimes).
Le rythme de la musique s’accélère sur « Carry On » bien que l’ambiance ne soit pas au rendez-vous. Dans cette ballade rock’n’roll des années 50, Pokey réfléchit sombrement sur son destin.
La musique de Pokey LaFarge est fortement imprégnée de Saint-Louis et des vasières du Mississippi ; la guitare jazzy et tintante et les tambours battants abondent sur les morceaux suivants, bien que la reprise soit au rendez-vous sur « Just The Same »; la baisse est apparente avec « Storm A Comin » et « Ain’t Comin’ Home ».
Dans la dernière chanson, « Lost In The Crown », LaFarge déplore son anonymat dans la ville avant le dernier clou dans le cercueil alors qu’il touche le fond avec la dernière reprise de « Rock Bottom Finale ».
On peut espérer que sa renaissance personnelle se poursuivra, d’autant que la musique de Pokey LaFarge est très divertissante, parfois bonne à marquer son tempo du pied, parfois mélancolique. Une constante est que sa musique est toujours de haute qualiténonobstant le genre, courant ou style dans lequel elle s’inscrit.
***1/2