L’amour qu’a Katie Gately pour le travail sur le son resplendit plus que jamais sur son nouvel album, Loom. Cette magnifique collection a été enregistrée pendant une période de profonde tristesse et de deuil pour Gately, au moment où sa mère a été diagnostiquée comme atteinte d’un cancer et immédiatement après son décès.
Elle fait preuve ici d’un immense talent dans sa capacité à traduire une douleur indicible en collages sonores dynamiques et superposés. Des enregistrements en direct d’un tremblement de terre sont tissés tout au long de l’album, emblématiques de la façon dont la Terre se déplace lorsqu’on vit une perte aussi profonde. Un sentiment de pesanteur envahit l’album, avec des tambours martelés et des impulsions électroniques créant un sentiment de menace – voire de menace imminente.
Pourtant, malgré toute cette terreur et cette douleur, la sensibilité pop mélodique dont Gately a fait preuve pour la première fois sur son précédent LP, Color, demeure. Le point fort de l’album « Bracer » (le préféré de sa mère) est un voyage musical de dix minutes, passant d’une menace sinistre et baratineuse (« Beast gonna take your light away / Beast gonna hunt your home / Beast gonna rip at the slight fray ») à une avant-pop mélodique, presque dansante. La voix rêveuse de Gately est plus présente ici que dans ses précédents travaux, et elle est particulièrement impressionnante dans le trio de chants choraux tristes qui encadrent le disque, « Ritual », « Rite » et « Rest ».
Avec cet album, Gately s’est efforcée de capturer l’étrange nature pointue de ce genre de malheur imminent, mais aussi d’inclure quelques couleurs absurdes, et le résultat est un mélange tourbillonnant d’atmosphère sinistre, d’émotion dévastatrice et d’abstraction sonore brillante. C’est sa meilleure œuvre à ce jour.
***1/2