The Still Tide: « Between Skies »

Between Skies s’ouvre sur un air de synthé et un murmure de saxophone. En quelques secondes, les attentes sonores que ces tonalités d’introduction ont mises en place se heurtent, en beauté, à l’alto puissant de la chanteuse et guide spirituelle de Still Tide, Anna Morsett. C’est une voix qui semble provenir de plusieurs genres : La cadence de Morsett rappelle la musique country ; son timbre riche et douloureux évoque Beth Orton ou Tracey Thorn. D’une certaine façon, toutes ces textures et ces timbres contrastés sont réunis et, sur les chansons les plus fortes de l’album, y compris le morceau d’ouverture, « On the Line », sont tissées dans un tissu exceptionnel.

Naviguer entre les genres peut avoir ses dangers, et lorsque les luxuriantes nappes de synthé de « On the Line » cèdent la place à la country-pop de « Keep It », l’auditeur ne peut qu’être déconcerté. On sent que les morceaux de l’album ont été ordonnés car ils sont davantage le fruit d’un désir de créer de la variété que d’un souci de transitions douces. Choquer l’auditeur peut être précieux, mais ici, cela enlève quelque chose à un « Keep It », eu demeurant parfaitemetr exécuté trop peut-être pour ne ps susciter en nous un sentiment de soulagement quand on revient au son plus spacieux, certes, mais orthodoxe et plus fluide de » »Change of Address ». Pour être juste, « Keep It » s également d’un phrasé, celui de la chanteuse dont l’insistance à hausser parfois le ton s’avère inévitablement gênant comme si elle avait difficulté à classer la composition dans un genre bien défini alors chanson donne l’impression d’être un peu trop difficile à classer alors que les séduisants riffs à la Johnny Marr suffisaient amplement.

« Change of Address » de manière appropriée, bouge comme un éclair. Parfois, des cordes d’arrière-plan s’ajoutent à la musique un côté Glen Campbell bien que la musique elle-même ne ressemble en rien à celle de la défunte star de la country. Mais c’est un emprunt efficace ;  »Memorized Line » offrira ainsi une meilleure transition à « Address » grâce à une frappante et onctueuse présentation d’harmonies vocales. Ces deux titres font bon usage des compétences du percussionniste Joe Richmond pour faire avancer la musique sans trop de bruit.

Morsett peut être une excellente parolieère : « The dreams that pull you awake/ The clouds and rivers that run you back to the train » ( Les rêves qui vous réveillent / Les nuages et les rivières qui vous ramènent au train) sur « « On the Line », « You were caught in between what you could and should feel if you’d only had the time to choose » (Vous étiez pris entre ce que vous pouviez et deviez ressentir si seulement vous aviez eu le temps de choisir) dans « Memorized Lines », et quoi de mieux pour illustrer une relation qui s’estompe que celle tirée de « Amsterdam » : « Melted ice in our unmoved drinks/ I feel another door close each time our eyes don’t meet/ I knew it then » (De la glace fondue dans nos boissons sans mouvement / Je sens une autre porte se fermer à chaque fois que nos yeux ne se rencontrent pas / Je le savais alors) ?

Mais il y a aussi des morceaux iions réussis et le disque aurait pu facilement se passer, par exemple, de la chanson « Better Than I’ve Been ». Heureusement, elle est suivie par « Amsterdam » dans laquelle on trouve quelque chose d’étrangement familier et presque réconfortant dans une composition aussi poignante, avec ses accords de guitare électrique mélancoliques et somnolents et ses délicates sonorités de cloche.  L’album se terminera par « Acres », un close-up efficace, avec les klaxons d’Erin Roberts qui sonnent comme des voitures lointaines la nuit, au loin, alors que nous roulons sur une autoroute sombre.

Between Skies sera jalonné de moments d’intérêt créés par des sons inattendus. Des guitares et des touches superposées, des choix intéressants de patchs de synthétiseurs et des guitares bien choisies qui éclairent le mixage, tout cela fonctionne ensemble pour créer de la profondeur et de la complexité. La trompette de Roberts dans « Amsterdam » commence avec la sensation d’une pensée d’après coup sur le break, avant de tirer efficacement la chanson dans sa repris et les vocalises errantes fournisront des passages fantomatiques subtils dans « On the Line », « Acres » et d’autres.

Still Tide a enregistré en partie chez Morsett mais la musique elle-même se révèle sophistiquée, brillamment produite, à peine « garage » ou spontanée. Parfois, ce manque de spontanéité est un défaut – la voix de Morsett pourrait être un peu plus engagée sur certaines lignes lyriques, un peu plus sincère, bien que nous sentions qu’elle l’a en elle. Mais elle offre aussi un ensemble réfléchi pour un voyage sonore solide et détaillé, digne d’un album où tant de chansons parlent de voyages – émotionnels et physiques. Ce sera peut-être la bonne bande-son pour le voyage émotionnel qu’elle ambitionnait ici de réaliser.

***1/2

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