Comme il est rafraîchissant à rencontrer, à l’ère de la gratification instantanée prodiguée par Spotify et algorithmiquement conçue et d’un torrent imparable d’albums qui exigent à peine une seule écoute, un véritable cultivateur à l’ancienne, assez intrigant pour se tenirà sa démarche, et de trouver satisfaction à chaque fois su’on enclanche la touche «lecture». Le fait que le premier album commercialisé par William Doyle sous son propre nom (et son troisième, y compris celui de East India Youth) ne dure qu’une demi-heure ne fait qu’ajouter à sa notoriété, mais l’esprit de stoïcisme optimiste, l’arrangement symphonique nuancé et le talent mélodieux qui anime le disque entier sont encore plus convaincants.
C’est aussi un endroit assez agréable à ne pas systématiser : « Millersdale » commence avec des arpèges statiques et réverbérants qui font allusion à quelque chose de potentiellement stérile avant d’exploser à mi-chemin dans un saxophone extatique et des percussions envoûtantes ; de même, »Nobody Else will Tell You » fait doucement référence à l’electronica sans jamais devenir trop synthétique et »Zionshill » tout comme « Full Catastrophe Living » développent tous ensemble des textures de folk bucoliques – des enregistrements sur scène, des instruments acoustiques légèrement caressés – avant d’être soumis à la table de mixage.
L’ouverture de « Design Guide », avec ses slogans abstraits et étranges semble légèrement confuse sur le plan conceptuel, mais le plaisir de la complexité et de l’euphorie qui l’accompagne est rapidement restauré par un solo de guitare enjoué et le solo de Doyle. Il est emblématique d’un disque qui se révèle clairement dans son addictivité, par son contenu particulier qui intrigue sans rejeter et ses idiosyncrasies qui nous étourdissent sans nous aliéner.
***1/2