Depuis quelques années, deux albums solo et plusieurs collaborations, Emanuele Errante évolue doucement vers quelque chose de plus en plus minimaliste et acoustique. Confirmation avec This World, son nouvel album, puisqu’on y retrouve principalement une guitare acoustique en finger-picking et un clavier aux notes détachées.
L’Italien plonge de tels matériaux, conjugués à quelques bruissements ou légers apports électroniques, dans une atmosphère assez mélancolique, voire un peu triste, soulignée par les tonalités mineures des compositions et la distance temporelle mise entre deux éléments chromatiques. Sans surprise, d’ailleurs, on apprendra que le titre de l’album renvoie à ce monde qui nous entoure, qui désole le musicien, constatant l’écart entre le passé et aujourd’hui dans l’évolution de notre planète. Néanmoins, qu’on ne se méprise pas, il ne s’agit pas d’y voir là des défauts, tant les morceaux du disque s’avèrent touchants, invitant l’auditeur à l’introspection et à une forme de berceuse, au gré des pincements de cordes de guitare et du toucher soyeux de piano.
De même, quand Emanuele Errante convie, à ses côtés, Max Fuschetto au hautbois (« Anema ») ou bien Bruno Sanfilippo au piano (« Out There »), ces concours restent dans cette continuité et produisent un lamento assez prenant. Une sorte de foi en la possibilité d’un avenir nait cependant quand le saxophone du même Fuschetto intervient en même temps qu’un lointain chant choral (« Azimut »), comme si tout espoir n’était pas perdu pour l’humanité. Même sentiment sur » Permanent Sunset » (nonobstant cet intitulé) avec sa mélodie comme tapotée en arrière-plan et son joli scintillement d’ensemble. Et puis, comme souvent, la fin du disque propose une coloration un peu autre, permettant de sortir de l’ambiance générale un peu cotonneuse (ou de se projeter vers la prochaine sortie de l’Italien), avec un dialogue entre piano et petites rythmiques des plus intéressant et prometteur.
***1/2