65daysofstatic: « replicr, 2019 »

Depuis leurs débuts en 2001, 65daysofstatic n’ont jamais arrêté d’innover, de se réinventer. Le groupe a évolué dans le post-rock, le math-rock, l’électro… Et à chaque fois, cela a produit des œuvres admirables. Plus de trois ans après l’excellent No Man’s Sky, bande son créée par le groupe pour un jeu vidéo de science-fiction, ils nous reviennent avec ce replicr, 2019.

La musique de 65daysofstatic n’est pas une musique facile. Elle ne cherche pas à caresser l’auditeur dans le sens du poil. C’est une musique qui se mérite. Ce disque est peut être encore plus complexe que ce que le groupe a produit jusqu’à présent. Le monde est en crise. Cela s’entend dans cet album qui peut apparaître comme la bande originale d’un film de Science-Fiction très sombre ou celui de la fin du capitalisme. Le début est particulièrement ardu, aride. La musique proposée est belle mais il faut un certain temps à l’auditeur pour s’y acclimater. Le morceau qui ouvre l’album, « pretext », est ainsi bien plus proche des expérimentations d’un Steve Reich que du rock. On y imagine combien de temps il a fallu à ses créateurs pour peaufiner une telle œuvre. 65daysofstatic n’ a évidemment jamais été un groupe commercial mais ils sont sans doute arrivés aujourd’hui au point ultime de la musique la moins commerciale qui soit.


Sur le deuxième titre, « stillstellung » ,le groupe délivre un morceau d’électro d’une inventivité et d’une richesse qui laissent sans voix. L’ensemble du disque va se poursuivre à ce même niveau d’excellence avec un groupe capable de passer d’un son électro à des éléments post-rock et même des côtés drum & bass (sur le superbe « five waves »).
replicr, 2019 n’est pas un disque simple. Il n’y a qu’à entendre « bad age », morceau extrêmement intéressant dans sa structure avec ses boucles répétitives mais à la froideur d’un hiver Berlinois. On croirait entendre le Bowie de Low poussé dans ses retranchements les plus expérimentaux.
Il est impressionnant qu’en 2019 un groupe soit encore capable de produire ce genre de musique. Lorsque l’album se conclut dans la beauté cotonneuse et atmosphérique de « trackerplatz, » on croit avoir rêvé. On est ici bien plus proche de Stockhausen que de la pop. Mais c’est cela qui rend 65daysofstatic uniques. Ils sont sans aucun doute l’un des groupes les plus innovateurs et intéressants qui soit et, avec cet album, ils nous offrent encore une fois un travail remarquable qui gardera encore son mystère après cent écoutes.

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