Collaborant déjà avec des musiciens pour des résultats plus ou moins réussis (Billow Observatory ou ses sorties avec Ulrich Schnauss), Jonas Munk poursuit ses échanges, avec un nouveau duo, mené avec le guitariste danois Nicklas Sørensen. Dans la lignée de ses instrumentaux écrits sous le nom de Manual ou trouvables sur les disques des projets précités, il s’agit de croiser guitares et synthés, sur de longues distances (quatre morceaux sur cinq atteignent ou dépassent les sept minutes) et dans un registre entre krautrock, influences psychés et touches ambient.
Mêlant improvisations et variations plus écrites, les titres d’Always Already Here jouent assurément sur la répétition des mêmes formes et thèmes musicaux, au sein de chacun des morceaux. Pas très loin de certains partis pris minimalistes ou de la musique sérielle, les pistes des Danois confrontent assez habilement tapis itératif et divagations mélodiques (la fin de « Shift »), ces dernières pouvant, dans la vraie tradition psyché, friser avec des consonances venant du sous-continent indien (« Magnetic »).
À certains moments, toutefois, cette approche psyché prend trop le pas sur le reste, à l’image de Patterns, au thème trop marqué (comme si les guitares étaient jouées en tapping) et au caractère métallico-aérien trop poussé. De l’autre côté du spectre (ou presque), « Here » et « Tide » se font presque trop languides, le premier avec des guitares quasi-baveuses, tandis que le second manque peut-être un peu de corps ou de consistance. Au total, les travaux des Danois ne sont pas négligeables, constituant d’intéressants exercices de style, mais ils ne convainquent donc pas pleinement.
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