Big Bend: « Radish »

Nathan Phillips, l’homme derrière Big Bend, s’inspire, pour créer, de son quotidien ; e de son boulot dans un café, laissant les mélodies de la radio du bar s’imprégner en lui pour les chantonner discrètement lorsque les clients ne le regardent pas, et improviser pendant les silences. Radish est le premier album de Big Bend où Phillips se risque à chanter. Et on se demande pourquoi il ne l’a pas fait plus tôt ; sa voix douce n’est pas sans rappeler le Mark Kozelek des débuts, avec davantage de retenue. Lui qui s’était auparavant illustré au sein d’une musique instrumentale beaucoup plus proche d’un minimalisme gorgé d’un psychédélisme assez abrasif, le voici à présent à écrire des chansons calmes, aux sonorités douces, qui développent un écosystème passionnant – les instruments respirent, les timbres s’invitent et puis repartent…

On pense parfois à un Mark Hollis aux arrangements plus luxuriants. Radish se ressent avant tout comme une expérience de studio. Nathan Phillips, semble avoir envisagé les différents segments de son album au cours de sessions studio séparées les unes des autres (par groupes de 4 musiciens à la fois, si on en croit les infos à disposition), ce qui est à la fois super et frustrant. Exemples: « Swinging Low » et « Four », qui font intervenir la violoncelliste Clarice Jensen et le gourou new age Laraaji (avec un sample vocal de la mère de Nathan, chanteuse d’opéra, sur la première des deux pistes), laissent bien deviner qu’il s’agit de parties coupées de sessions bien plus longues. Et si ce sont deux morceaux superbes, on assiste à regret à l’arrêt prématuré de « Four », qui développait une stase parfaitement reposante, qui aurait bien pu durer 10 minutes de plus, et qui se voit obligée de conclure brusquement.
Mais il s’agit là de plaintes secondaires ; s’il est vrai que Radish peut laisser par moment l’impression d’un patchwork de sessions différentes (cas étrange de ce « 12′ – 15 », brève pièce électroacoustique contemplative avec Susan Alcorn, fort belle mais curieusement placée entre deux chansons « pop » qui auraient tout aussi bien pu se suivre), chacun de ces segments est d’une beauté paisible qui réchauffe l’âme.

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