Les vrais gardiens du temple ne sont pas toujours là où nous les attendions. A l’image du bouclé Albert Hammond Jr, qui entretient avec panache la flamme “strokienne” quand son ancien frontman Julian Casablancas a bien du mal à imprimer sa propre marque, le discret Danny Goffey semble ainsi le mieux à même de représenter aujourd’hui les intérêts des défunts Supergrass, dont il était le batteur. Sur son deuxième album solo (le premier sous son nom, après un première tentative sous l’alias Vangoffey en 2015), le garçon nous ramène directement vers les heures de gloire du gang survitaminé d’Oxford. Rejetons tout à fait honorables des increvables « Caught By The Fuzz », « Mansize Rooster » et autre « Pumping On Your Stereo » , les onze titres de Schtick ont été co-produits par Simon Byrt, avec les collaborations de Louis Eliot (leader de Rialto, perdants magnifiques de la vague britpop) et de Marley Mackey des Insecure Men
Schtick, sur lequel l’ami Brett Anderson (Suede) fait également une brève apparition, traite des dérives de nos sociétés modernes (la religion, les addictions ou la télé-réalité) sur un canevas musical qui esquisse le portrait de la grande famille des intrépides de la pop et du rock à la sauce british (des Buzzcocks à Joe Jackson en passant par The Jam ou Ian Dury). Moins cérébral et plus léger sur la forme que les dernières réalisations de Gaz Coombes, son ancien complice au sein de Supergrass, Schtick ne doit toutefois pas être vu comme un album d’“ex” conservateur et anecdotique. Il réaffirme au contraire le talent d’un musicien attachant et depuis trop longtemps cantonné aux seconds rôles.
***1/2