La religion n’a jamais de cesse a’être source d’inspiration pour les musiciens ; c’est le cas pour Sarah Beth Tomberlin une « singer songwriter » née dans le Kentucky d’une famille baptiste on ne peut plus dévote. Son premier album, At Weddings, en est le fruit tant il s’interroge sur la place qu’on occupe dans le monde et la solitude qui va avec le fait de chercher qui on est de manière révérencieuse et silencieuse, spiritualité et discrétion obligent.
L’environnement dans lequel all a grandi est, sans qu’on s’en étonne, au coeur de ce disque écrit par une jeune femme de 13 ans. La culpabilité s’inscrit dès l’ouverture ; « Oh my God / No, I’m not kidding » s’écrie-t-elle accompagnée par sa guitare sur un « Any Other Way » qui la voit se débattre avec l’éducation reçue.
Ces ruminations sur la foi coïncident avec une réflexion sur le statut de Femme, la romance adolescente ou l’interrogation sur l’image que l’on véhicule et sur le fait de savoir jusqu’à quel point on peut véritablement vous connaître. Cet écho introspectif sera construit sur un lit de guitares acoustiques, un piano qui gronde légèrement et une voix embuée de soupirs.
Le résulat en sera contrasté, simultanément douillet et spacieux, un équilibre fragile entre la spiritualité élevée de Julian Baker et les climats reclus du Ruins de Grouper. Le piano tinte comme le ferait l’oeil du cyclone alors que la ballade baignée de cordes qu’est « I’m Not Scared » se révèlera être le passage le plus percutant de l’album.
La réussite de At Weddings se situe dans la manière dont elle parvient à glisser des tranches d’humour dans un récit morbide par exemple sur « Self-Help » ; un disque qui démontre combien force intérieure, ou foi, peuvent nous affranchir de nos doutes, nous galvaniser et nous apaiser.
***1/2