Quand Conor Oberst sortit Ruminations l’année précédente, on loua un disque enregistré en 48 heures avec, pour toute instrumentation une voix, un piano, une guitare et un harmonica. L’album était censé représenter un effort nu et décharné mais, dans sa forme définitive, abouti comme si la travail avait été minutieux et peaufiné.
Le résultat en était un opus respirant la sincérité et la frugalité mais, alors que les fées critiques semblaient s’être penchées sur son berceau, le chanteur décida d’aller de l’avant et d’enregistrer avec un groupe au complet.
Salutations peut, à cet égard être considéré comme le pendant de ce qui l’a précédé, garni qu’il est de plages plus étoffées qu’auparavant ce qui pose la problématique de savoir si ses compositions sont aussi fortes qu’auparavant ou si elle ne sont qu’une dilution du produit fini.
La réponse n’est pas d’une seule pièce ; le titre d’ouverture, « Too Late to Fixate » , est indubitablement novateur, sans doute un des meilleurs morceaux de l’artiste avec sa combinaison de piano bondissant et d’harmonica, une chanson qui atteint sans doute la quintessence de qui est Oberst.
La perception générale pourrait alors être que l’artiste prend sciemment, voire cyniquement, l’option d’opérer une volte-face pour profiter de son succès précédent. Le résultat se situe à mi-chemin de ces interrogations ; Salutations est le véritable opus d’un auteur compositeur plutôt qu’une resucée ayant sa source dans le cerveau d’un « label manager » . C’est un album qui est ce qu’il s’était promis d’être,riche,nuancé et fièrement enraciné dans des mélodies judicieusement enregistrées en mode majeur.
***1/2