Presents For Sally: « Colors & Changes »

25 avril 2016

Colors & Changes est le deuxième album de ce groupe britannique dont l’univers rime avec psychedelia et shoegaze. Leur musique est à la fois sonore et scintillante avec, par moments des suites qui captent l’oreille et capturent l’attention.

« We Fought Lucifer (And Won) » est, par exemple, une très belle introduction qui voit Matt Etherton, le guitariste et vocaliset, se mesurer à un feedback en furie qu’il n’essaie qu’à peine de contrôler d’une voix mesurée et les douces harmonies de sa femme Anna.

«  Wishawaytoday », le premier « single », est plus calme mais tout autant rempli d’énergie que le titre qui a ouvert l’album.

Dans l’ensemble, on a droit à la recherche de belles harmonies, des compositions vaporeuses et des nappes sonores qui raffolent du « multitracking ».

« Anything Anymore » voit Anna s’emparer du micro d’une fort élégante manière qui rappellera Lush avec son époux apportant un soutien consistant sur les chorus, résumant à merveille les guitares « trippy » qui orneront l’ensemble.

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Opium Denn: « Embarkation »

24 avril 2016

Opium Denn, tel est le nom de ce groupe énigmatique qui se présente tête masquée sue la scène progressive art-rock. Les mystère ne fait que s’épaissir un peu plus avec leur nouvel al Demarkation.

L’opus est décrit comme un objet conceptuel à mi-chemin antre le Pink Floyd et le Blue Öyster Cult avec un petit zeste emprunté à Phantom of the Opera. Ces références sont ambitieuses et Opium Denn se montre plutôt prolixe quant à ses efforts.

Le son est, en effet, assez onirique comme si chaque titre avait été étiré jusqu’à son point de rupture donnant à l’ensemble un effet d’élaboration assez hypnotique. Les compositions sonnent comme des drones et sont, pour la plupart, accompagnées de vidéos musicales ce qui donne à l’ensemble un climat de grandeur même si la production est parfois comme réduite à une échelle plus réduite.

« Leaf » et « I Am A Feeling » forment un diptyque où le Floyd le plus baroque se reconnaîtrait et le tout va de pair avec une thématique qui se veut réservée à des initiés. Le Demarkation reste, toutefois, en équilibre entre compulsion à l’écoute et réserve cryptique. C’est en ce sens qu’il maintient notre notre fascination opium oblige sans doute.

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Dr. Dog: « The Psychedelic Swamp »

24 avril 2016

Cet album de Dr. Dog a vu le jour en l’an 2001 et c’est le premier opus de ce collectif de Philadelphie. Qu’il soit à nouveau disponible peut poser des questions et générer du scepticisme mais quand on sait que l’original était sur cassette et qu’il a toujours été difficile à dénicher, une réédition s’imposait.

Ajoutons qu’elle est plus que bienvenue d’autant qu’on y trouvait déjà certains germes expérimentaux conjugués à une approche nouvelle à l’époque.

« The Golden Hand » ouvre The Psychedelic Swamp résume parfaitement cette philosophie mais « Dead Record Player » n’hésitera pas à mêler harmonies subtiles et contrepoints soul/funk et le « closer » « Dead Record Player » baignera dans une atmosphère de bruits statiques entourant des vocaux narrés comme pour intensifier le phénomène d’aliénation.

Le disque se voulait être un concept retraçant les pérégrinations d’un personnage perdu dans un monde dont il serait difficile de faire le plan des contingences ; « Swampedelic Pop, », « In Love » et « Good Grief » démontrent que cette excursion valait le coup d’être entamée.

***1/2


Da Rosa: « Weem »

23 avril 2016

Établir une connexion entre un paysage et une musique est un cliché mais, quand Da Rosa parlent librement de leurs racines situées dans le « post-industrial Lanarkshir », il sera malaisé de ne pas associer le rock intense qui les anime à la créativité mélancolique qui semble surgie de cette lande écossaise.

Ce troisième album semble toutefois se défaire de ce cordon puisque, enregistré dans les Highlands, on y trouve un sens du gothique aussi bien en matière de textes que par la façon dont les arrangements sont construits.

Le titre d’ouverture, « Spectres », se fraie facilement un chemin avec des textures soniques « ambient » se déversant ciomme une cascade rythmique « Ktautrock » avec la voix de Martin John Henry qui semble prospecter l’horizon qui la surplombe. « Lanes » est, par comparaison, plus direct et menaçant ne serait-ce que par son « If you can’t defend yourself then kill yourself… »

C’est du côté de The Phantom Band que louchera l’endeuillé « Chip On My Shoulder » même si De Rosa s’emploieront, comme ils en ont coutûme, à brouiller les pistes et à nous entraîner vers des direction inattendues où chaque composition semble refuser de s’installer et vouloir élargir ses palettes. On appréciera ainsi les arpèges de « Falling Water » cédant place à un étrange et omnipotent travail aux synthés ou « The Sea Cup » et ses rythmiques en dentelles sur fond de chanson de mer, toute en percussions rageuses et en vocaux chuchotés.

« Devils » montrera talent émotif et plaidoyer irréprochables et « The Mute » couronnera le tout en véritable chef d’oeuvre de complexité et de lyrisme.

Da Rosa sont des musiciens cultes en leur mère patrie mais, ailleurs, ils ont toujours été mis dur la touche. Weem est leur document le plus accompli tout en demeurant concis et abordable. Ils parviennent, sur cet opus, à concilier sagesse, poésie et immédiateté ; il serait dommage que cette volonté de déconnexion de leurs racines passe inaperçue.

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Patrick Higgins: « Bachanalia »

23 avril 2016

Le compositeur et guitariste de Zs, Patrick Higgins, s’est emparé de nombreuses œuvres de Bach et en a fait des arrangements pour guitare classique qui reflètent également son penchant à l’expérimentation.

Bachanalia est tout autant axé sur le futur que sur le passé. Enregistrées dans des églises avec des micros « vintage » puis tripatouillées subtilement les plages portent ainsi à la fois les tonalités acoustiques des cordes de nylon dans une salle caverneuse et une touche numérique qui permets aux sons d’être en expansion.

Rien n’est là pour interférer bien au contraire. Higgins nous offre des versions passionnées qui exposent l’amour qu’il porte à la musique. On ne peut que capter la joie profonde qui défile au travers d’interprétations pleines de respect et d’élégance.

Il n’y a pas lieu, ici de retranscrire une partition de manière robotique mais d’appréhender chaque passage avec grâce et humilité et de transposer les œuvres de Bach en notre siècle sans les dénaturer.

Ainsi la « génération techno » pourra, on l’espère, découvrir ce qui ne devrait jamais être redécouvert.

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James Brant: « Strange By Design »

17 avril 2016

James Brant est un « singer/songwriter » de Philadelphie et il est également membre de groupes comme Transient et Couple Days. Strange By Design est son premier album véritablement solo puisqu’il a enregistré pratiquement toute l’instrumentation chez lui avec l’aide de Ben Gibbard et Glen Phillips.

L’atmosphère est celle d’un disque filé à demeure et il s’écoute comme une invitation à l’écouter tranquillement chanter quelques hymnes pour lui et des amis.

Tout comme le RAM de Paul McCartney, Strange By Design est une musique réservée à personne d’autre que lui. Des titres comme « Flood » ou « Know You » ont une intimité désuète et vous donnent l’impression que vous faites intrusion.

Les compositions ne s’égarent jamais très loin des chantiers battus ; Brant est d’une disposition assez souriante qui parvient à ajouter une couche esthétiquement plaisante à ses orientations mélancoliques.

**1/2


Clan Nugent: « Night Fiction »

16 avril 2016

Rarement peut-on trouver une situation où joie de vivre et créativité se conjuguent si pleinement : c’est là que Clan Nugent entre en jeu.

En parfaite adéquation avec la douceur et l’intimité qu’un tel titre suggère, Night Fiction sonne comme une chose fragile, dissimulée voire même embaumée dans des complexités personnelles que la voix nocturne du vocaliste suggère dans ses soupirs.

Même en apportant ainsi une légère lueur au climat neigeux qu’évoque sa disction, il semble comme chanter à tâtons sur « Lost Your Way » ou s’arcbouter face à la production touffue de « First Run ». Chaque membre de phrase est interprété avec une charge d’émotions qui pourrait faire croire que Nugent s’est senti contraint à l’écrire.

Voilà où est sise la clef expliquant le succès de ce disque ; l’étincelle brille toujours à chaque manteau de mots, en tonalités mais aussi en communications qui ne sont jamais des demi mesures.

La musicalité va alors faire corps à l’esprit ; une accord de guitare semblable à une ponctuation va faire valoir que chaque ligne est un effort et chaque moment est une libération. Night Fiction est aussi gratifiant à entendre qu’il a dû l’être à mettre bas ; plutôt que de naissance on parlera alors de renouveau.

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Field Music: « Commontime »

16 avril 2016

Commontime est un disque surprenant pour beaucoup de raisons. D’abord, au égard au statut qui était celui de Field Music dans ces groupes indie à guitares au milieu des années 90 et qui e montrait plutôt timoré, on est assez ravi de les entendre produire un album qui sonne aussi dans son époque aujourd’hui.

Ensuite, si on considère cette cohorte depuis le temps qu’elle existe,on est désarçonné d’entendre si peu de six cordes. Tout juste discernera-t-on un « twang », et ceci pas avant la quatrième plage, « I ‘m Glad ».

Auparavant, et même ensuite, Commontime nous montre les frètes Brewis revenir à leurs influences premières piochées dans un catalogue datant des années 70 et 80.

« Trouble at the Lights » affiche un « break » de guitares rappelant Wings et « If Not For You », lui, la période post-glam de Bowie conjugué au funk ironique de Talking Heads.

Partout, Field Music échappe au pastiche, ce qui n’est pas si peu dire et fait preuve d’une belle confiance étayée par de charmantes harmonies et des complexités indie du plus beau tonneau.

Ce nouvel opus déchire sans fausse honte et prouve que le titre d’ouverture « The Noisy Days Are Over » n’est pas un vain mot.


Emma Pollock: « In Search Of Harperfield »

15 avril 2016

Il est difficile de réaliser que plus de cinq ans ont passé depuis le dernier album de Emma Pollock tant sa présence est sensible dans le milieu de la musique indépendante écossaise. Depuis The Law Of Large Numbers elle en est devenue une pierre angulaire qui permet à l’ex Delgados de se mouvoir un peu plus loin et haut et de dépasser ainsi le cadre forcément limitatif de la « chamber pop ».

essaie de donner un sens à certains évènements tragiques (la santé précaire de ses parents) et elle trouve ici un nouvel élan pour assumer certains thématiques lourdes comme le vieillissement, la mort ou la mélancolie sans pour autant faire de ce qui se passe dans les veines et l’esprit comme un vain effort à la consolidation.

Ainsi, on va découvrir ici l’habileté de la chanteuse à narrer ses histoires de manière immaculée et d’y greffer des stances aiguisées comme un rasoir.

La mise en scène s’effectue aec un « Cannot Keep A Secret », une lamentation qui est à la fois emplie de chagrin et tempêtueuse au milieu des turbulences qu’apporte un piano incertain une confession qui va de flux en reflux à l’image d’états d’âme confus et contradictoires. Les crescendos s’écraseront sur un « Don’t Make Me Wait » impertinent qui va de long en large entre riffs cinglants et refrains sont les vocaux séraphiques, encadrés de cordes oniriques, semblent aspirer à la spiritualité

« Alabaster » ensuite se pare d’un secret aux relents délétères, synthés sinistres voisinant avec des cordes élégiaques et des « beats » martelant les tympans de façon menaçante comme pour mettre en évidence l’équivoque juxtaposition de la trahison et du sourire. D’un point de vue lyrique, Pollock est à son sommet et nous propose une oeuvre où cohésion et cohérence tissent leurs fils à chaque sillon.

Les vocaux demeurent élégants et touchés par la Grâce tant ils sont mis en valeur par la production de son époux et producteur Paul Savage li permettant d’occuper la place centrale.

Ainsi les cordes sont utilisées pour produire un effet maximum, en particulier sur cette valse teintée de regrets qu’est « Intermission » une déchirante danse avec la mort imminente des parents de Pollock. : « With quiet upheaval the usual routine is replaced with the noise of a thousand machines/All telling the stories of things that go wrong when we’re pushing the years ’cause we want to hang on. »

In Search Of Harperfield n’est pourtant pas univoque. Elle prend note que le soleil la ramène chez elle et sur la rêverie malicieuse de « Parks And Recreation », elle assemble des instantanés de son enfance à une pop virginale et punchy avant que riffs épineux ne nous fassent taper du pied sur le chorus alt-country qui ponctue « Vacant Stare ».

Des sombres accords de clavier accompagneront le « closer » « Old Ghosts » sur des beats electro dénudés où Pollock nous donne la sensation d’être résignée : «  Please don’t make a fuss/The years just took their toll on us ».

Pourtant, sous la plainte sous-jacente, In Search Of Harperfield dissimule de merveilleux émois. Malgré des ruminations sur les lieux et les personnes, la hantise se pare de beauté et se révèle même pleine de pavane. Avec ses accords de guitare façon Velvet Underground sur «  In The Company Of The Damned » et les « pickings » acoustiques de RM Hubbert (« Monster In The Park ») le disque se révèle remarquable et triomphant comme seul le pathos peut, par moments, le révéler dans son délicat équilibre entre découragement poignant et assurance affirmée.

****1/2


Nap Eyes: « Thought Rock Fish Scale »

15 avril 2016

Nap Eyes Est un combo issu de la Nouvelle Écosse st sont la musique pratique des génuflexions entre Lou Reed, The Go-Betweens, Swell Maps et The Only Ones. La leçon semble avoir été bien apprise sur ce deuxième album dans la mesure où le groupe a réussi à s’éloigner de ses racines « guitar pop ».

Aucun des huit morceaux n’est notable ce qui est signe d’unité dans le désordonné si on peut qualifier ainsi leur production. On appréciera néanmoins « Stargazert », « Lion In Chains » ou « Trust » qui parviennent à contrôler les caprices de ce que peut être le contrôle en amalgamant agitation, mélancolie et esprit qui ne veut que s’abandonner au plus tordu.

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