The Weather Station: « Loyalty »

23 juillet 2015

La compositrice de True North Tamara Lindeman et son projet semblent avoir toujours façonner des mélodies on ne peut plus sibyllines depuis 2009. Peu de personnes ont goûté ce charme et, pour beaucoup, Loyalty sera une révélation.

Celle-ci débute dès l’entame du disque avec un « Way It Is, Way It Could Be Me » qui est tout proprement hypnotiques. La voix de Lindeman est une splendeur en termes de distance et elle nous tient ainsi fascinées et enchantés. Oscillant doucement au dessus d’une rythmique régulière elle propulse directement l’émotion là où elle se doit d’être.

Le phrasé de Linderman scintille de manière angélique sur « Floodplain » ou délicieusement nostalgique avec « Personal Eclipse ».

Au chapitre de l’intimisme un titre comme « I Could Only Stand By » nous introduit dans l’univers de la chanteuse, un monde fait de désir et de manque mais aussi d’omnipotence quand le morceau s’arrête brusquement comme pour nous faire sortir d’un rêve.

Loyalty est un disque plein d’élégance merveilleusement produit par Robbie Lackrit, ne pas en avoir connaissance ne ferait que prolonger l’injustice de voir The Weather Station ne rencontrer qu’indifférence.

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Love Amongst Ruin: « Lose Your Way »

23 juillet 2015

Dirigé par l’ancien batteur de Placebo, Steve Hewitt, Lose Your Way est le deuxième album de Love Amongst Ruin. un projet dans lequel figure Perry Bamonte de The Cure assurant la basse durant les tournées.

Le disque a une atmosphère assez sombre, en particulier avec des guitares plongées dans de la reverb qui complémentent la voix de Hewitt ainsi que ses textes. Ces procédés donnent à Lose Your Way une tonalité assez entraînante, semblable à celle qu’aurait une motrice dont chaque chanson serait un stop à peine marqué.

De ce point de vue, les comparaisons avec Placebo seront inévitables mais Love Amongst Ruin fait montre d’un son bien plus lourd. Ce sont surtout les tonalités de six cordes qui sont les éléments « moteurs » de l’opus ; pleins de riffs fuzzy et de drones, un mélange qu’apprécieraient autant les fans de hard rock que ceux de shoegaze.

Le « single », « Lose Your Way » marquera le rythme de la manière la plus explicite et accrocheuse mais on notera également « Swan Killer », « Paper Tigers » et un « Oh God » qui, moins agressif, encadre un album lui apportant une pause bienvenue avant qu’il ne se remette en route.

**1/2


Wilco: « Star Wars »

23 juillet 2015

« Qu’est-ce qui est plus amusant qu’une surprise ? » ; tel était un récent post de Jeff Tweedy sur la page Instagram de Wilco pour annoncer l’arrivée d’un album d’autant plus inattendu qu’il était téléchargeable librement pour un certain temps. Une surprise, c’en a donc été une en effet.

Star War est le premier nouvel album de Wilco depuis The Whole World mais, d’une façon plus abstraite, c’est son premier véritable nouvel opus depuis une bonne décennie. The Whole World avait été bien reçu mais il avait été perçu comme un agrégas des meilleurs moments de Yankee Hotel Foxtrot, A Ghost Is Born et Sky Blue Sky. Le problème, derrière ce compliment, se résumait donc à ce que l’audience de Wilco pourrait avoir à se mettre dans les oreilles après ce dernier opus.

Star Wars n’est pas atteint par cette problématique. C’est l’album le plus court de Wilco, totalisant moins de 35 minutes, et il recèle une énergie punk qui se manifeste sur une grande majorité des titres et qui est assez remarquable.

La majorité des compositions sur Star Wars a totalement laissé de côté les longues jams de plus de dix minutes façon Grateful Dead, en lieu et place nous avons des professions de foi pop agitées comme « Random Name Generator » ou des grooves fuzzy rappelant les mid-70’s étayées par le travail à la guitare sans égal de Neil Cline sur « Picled Ginger ». Hormis le truculent « Random Name Generator » le morceau le plus intéressant se trouvera être « More… ». Muni d’un chorus immédiatement accrocheur c’est l’effort vocal le plus chaleureux de Jeff Tweedy depuis les meilleurs passages de Sky Blue Sky.

Les chansons de Wilco ont tendance à s’éclaircir et à acquérir une nouvelle stature interprétées «en concert. Des titres jugés trop impersonnels ou stérile sur A Ghost Is Born sonnaient parfaitement intimes dans un cadre « live » ; il semblerait qu’un certain nombres de titres sur Star Wars, comme « Taste The Ceiling » ou le « closer »« Magnetized », qu’on aurait tendance à ignorer pourraient prendre une plus grande ampleur dans ces dernières conditions.

Notons également une attitude de type « allez vous faire foutre » qui ne peut que réjouir, une insouciance qui a également servi à d’autres artistes de se faire un nom. Mais le plus important sur ce nouvel opus c’est la capacité qu’a eu Tweedy de se débarsser de certaines idiosyncrasies et d’offrir à nos oreilles de nouvelles possibilités pour Wilco. En se dépouillant d’un son et de lui donner une forme n’excédant pas les trois minutes, le groupe a assumé ses racines punks et, peut-être pour la première fois depuis dix ans, va être capable de nous faire nous demander comment le prochain album du groupe sonnera.

***1/2


Ducktails: « St Catherine »

22 juillet 2015

Depuis cinq ans environ un album de Ducktails succède invariablement à un autre de Real Estate puisque les deux combos sont dirigés par Matthew Mondanile. Le premier est une entreprise plus ou moins personnelle bénéficiant de la participation d’invités musiciens, le deuxième un groupe dans lequel il joue de la guitare solo avec un certain succès critique.

Comme un engin mu par deux moteurs indépendants, les directions semblent se stabiliser et aller dans la même direction sonique, le seul contraste existant encore étant la voix de aiguë de Mondanile et les tonalités plus rêveuse de Martin Courtney, le chanteur de Real Estate. Ce sont les véritables balises qui servent à établir une provenance spécifique mais, indépendamment de cela, il est toujours agréable d’être confronté à n’importe quel type de musique notre jongleur laid-back a à nous présenter. St Catherine, le cinquième album de Ducktails est co-produit par Rob Schnapf (Elliott Smith) n’en est pas une exception.

L’instrumental « The Disney Afternoon » s’ouvre avec Mandanile s’amusant à traiter de manière appuyer les effets de ses riffs de guitare, tel un Shins qui aurait évolué vers le baroque avec une cascade de toms de batterie et de synthés grondants. Comme pour mieux nous tromper, « Headbanging In The Mirror » véhicule une atmosphère délibérement chill out pour évoquer James Ferraro, un musicien électronique de New York. Cette déclaration d’intention est d’autant plus parlante qu’elle se fait à contre-courant de ce à quoi on aurait pu s’attendre avec un titre de cette nature.

« Into The Sky » nous rappellera à quel point Mondanile sait manier la pédale fuzz quand il a besoin de nous asséner des trémolos mordants avec sa six cordes et un duo electro inattendu avec Julia Holter sur « Church » sera presque paradisiaque tant les deux vocalistes s’accordent.

Enfin, la chanson titre est une des plus charmantes qu’ai écrite le chanteur en termes de composition pleine de félicité apaisante avec une mélodie vertigineuse qui s’insinue en vous comme les vagues d’un océan sur la plage. St Catherine s’avère ainsi, d’une façon générale, un album tempéré et estival dont on se demande si il ne nous fera pas nous envoler vers des climats plus chauds.

***1/2


Sublime with Rome: « Sirens »

21 juillet 2015

Quand Sublime était encore sans Rome, sous la direction de Bradwley Nowell aujourd’hui décédé, le groupe maîtrisait parfaitement l’appariement festif et la volonté de subvertir. On avait droit à des assauts grungy aux côté de rythmiques reggae, d’effets techno et de mélodies contagieuses sur les guerres de gangs et autres réjouissances. La music de Sublime était malléable et elle s’écoute aussi bien dans les bars enfumés que dans les chambres où se terrent les asociaux.

Sur Sirens, leur nouvel opus le combo embrasse définitivement ses instincts les plus conviviaux ; les accords de guitares reggae sont plus craquelés et sonnent plus grand, les vocaux sont passés au travers de filtres et d’autotuning et les nappes de synthés entrelacent ces climats d’accroches hédonistes à l’instar de ce « It’s a motherfuckin’ house party » qui semble résumer le disque.

Sirens peut ssmbler plus conventionnel  mais sa musique est enrichie par sophistication et subtilité : ythmes sont complexes, textes intelligents et influences punk ou dubstep permettent à Sublime with Rome de pousser son art vers une musicalité intelligente.

***1/2


Peacers: « Peacers »

20 juillet 2015

Mike Donovan est de retour et il a amené avec lui quelques uns de ses amis ; Sic Alps ainsi que Ty Segal, l’enfant béni d’une certaine scène qu’il remplit régulièrement avec un album par an, certains bons, d’autres exceptionnels.

Le guitariste apporte sa contribution sous le forme de morceaux ne dépassant pas les trois minutes ce qui fait des quinze morceaux quelque chose d’assez brûlant, pas tant une continuation de Sic Alps mais plutôt une maturation de Donovan en tant que musicien.

Le chaos est beaucoup plus retenu et circonscrit dans la mesure où la moitié des titres sonnent comme si le bricolage n’était plus de rigueur et que les giclées noisy étaient plus un assaisonnement qu’une partie intégrale du programme.

Avec Segall assurant également la production Peacers semble être un disque égaré de la fin des anneés 60 et brusquement rtetrouvé. On ne sera pas surpris alors d’entendre se mêler des titres acoustiques dansla plus pure tradition folk et des jams rock and roll comme sur « Laze It », un morceau propulsé par un riff de guitare qui serait issu d’un livre traitant de comment réalier la chanson « classic rock » parfaite.

C’est surtout dans les moments les plus calmes que l’imapct de Donocan est le plus prégnant. Par exemple un morceau acoustique teinté de blues tel « The Kid » Ar mé uniquement de sa voix, d’un six cordes avec une reverb à son plus ténu, Donovan parvient à canalisé son côté Lennon période Plastic Ono Band.

Ce qui rendra ce disque d’autant plus poignant sera la contraste abrupt avec les plages les plus étranges ce qui donne un album convaincant, mêlant Primal Scream The Stooges et Mikal Cronin, bref un nouvel artefact de ce que la scène psychédélique est capable de nous offrir à son moins léthargique.

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Camera Shy: « Camera Shy »

20 juillet 2015

Ce duo indie pop de la Bay Area se débarrasse ici de la shoegaze bruitiste de son groupe parent, Whirr, pour nous offrir une pop plus gentille et aérée voisine de groupes des 90’s comme The Sundays ou The Softies.

Nous sommes ici donc dans le domaine de la dreampop aux lisières de la mièvrerie et du « college rock ». Le disque s’axe avant tout sur la voix délicate de Aexandra Morte évocatrice de mélancolie et de langueur amoureuse. Des titres comme « Remember » ou « Take Your Time » abandonne les guitares spartiates de Whirr pour se faire carillonnantes, aériennes et servies par des mélodies douces, apaisantes et colorées.

Ailleurs « Glowing » se fera langoureux et « Underwater Days » scintillant alors que es trompettes délavées de « Seemingly III » tenteront une atmosphère à l’onirisme distant.

Camera Shy est dans l’ensemble un album plaisant, tamisé et discret. Quelque part il porte bien son nom tant il semble se tenir à l’écart de toute ostentation et vouloir fuir le flash des appareils photo.

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Flo Morrissey: « Tomorrow Will Be Beautiful »

20 juillet 2015

Ce « debut album » d’une jeune londonienne d’origine irlandaise est un joli petit travail d’orfèvre quand on considère l’inexpérience de Flo Morrissey. Il est vrai qu’elle a fait montre de talents précoces mais c’est la métamorphose entre son potentiel et la réalité exprimée ici qui est le plus frappant sur un Tomorrow Will Be Beautiful dont le titre est comme une promesse dont on se dit qu’elle pourrait être réalisable.

Sa voix ressemble déjà à celle de Karen Dalton, Lana Del Rey ou Evie Sands et elle sait l’utiliser judicieusement pour nous livrer des cartes postales teintées de sépia réminiscentes des belles heures de Laurel Canyon.

Pourtant, « If You Can’t Love All This Goes Away, » « Show Me » et « Pages of Gold » ont plus à voir avec des considérations sur son expérience adolescente que le désir de dépeindre un tableau nostalgique.

Si son répertoire lie Flo Morrissey à une expression héritée du folk des années 70, il y a, chez elle, un certain particularisme pour lui permettre de créer un sens d’identité authetoique et profond.

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Christopher Duncan: « Architect »

20 juillet 2015

Christopher Duncan est un musicien écossais ayant reçu une éducation classique et, sur Architect, la construction à laquelle il s’attaque est celle de la pop music. Pas n’importe quelle pop music bien sûr pas celle, écervelée , qui vise à vider un peu plus notre manière grise mais plutôt celle qui a pour but d’ouvrir à notre cerveau des moments oùl’esprit est en semi-éveil, à savoir un registre dreampop.

L’album affiche des moments de la plus pure solennité avec des passages choraux sur des titres comme « Say » ou « Silence on Air » qui véhiculent un climat hiverna.

Cela peut sembler anachronique puisque le disque sort cet été mais, là encore, Duncan ne semble pas préoccupé par des méthodes de travail traditionnelles. Il faut l’être pour emprunter des structures musicales qui ont autant à voir avec The Fleet Foxes qu’à Mozart ; fruit sans doute de quelqu’un qui est avant tout un composteur classique ayant étudié au Conservatoire Royal d’Écosse.

Ce qui est son approche, intégrer un travail complexe dans un cadre pop est presque naturel ici et il yparvient de manière on ne peut plus fluide par exemple en entrelaçant ses vocaux de climats folk pastoraux et d’arrangements riches rappelant l’école dreampop façon 4AD. Chaque phrase musicale, chaque bruit de cymbales sont parfaitement placés, comme le sont tous des éléments pourtant aussi disparates que le fado et les arpèges de « Novices », les cordes qui évoquent Howard Shore ou la berceuse folk et jazzy qu’est « I’ll Be Gone By Winter ».

La chanson titre et « He Believes in Miracles » se paie même des incursions dans la psychedelia estivale, ce qui tend à prouver que Duncan est à l’aise dans tout type de répertoire et tout type de saison.

***1/2


Samantha Crain: « Under Branch & Thorn & Tree »

19 juillet 2015

Son précédent album, Kid Face, a été pour beaucoup une belle introduction à cette chanteuse issue d’Oklahoma dont l’intérêt initial était celui de l’écriture de nouvelles. Très vite elle a compris qu’elle pouvait en dire autant en quatre minutes qu’en plusieurs milliers de mots et ses disques portent la trace du fait qu’on ne peut dissocier chez elle la vocation d’écrivaine de celle de compositrice.

Pour elle, la vie est faite de petits moments, souvent peu anodins, et c’est son éloquence à les décrire qui va leur donner intensité.

On peut ainsi mettre à son crédit le fait qu’elle soit capable de les décrire de manière si vivace et des titres comme « Kathleen », « Outside the Pale » ou « You or Mystery » ont l’exemplaire démonstration de la façon dont elle explore ses origines col bleu usées par la vie.

Ses arrangements lui permettent en outre de s’éloigner du chapeau « singer songwriter » traditionnel ce qui pourrait, espérons-le pour elle, lui servir de pivot pour une carrière à venir.

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