Depuis cinq ans environ un album de Ducktails succède invariablement à un autre de Real Estate puisque les deux combos sont dirigés par Matthew Mondanile. Le premier est une entreprise plus ou moins personnelle bénéficiant de la participation d’invités musiciens, le deuxième un groupe dans lequel il joue de la guitare solo avec un certain succès critique.
Comme un engin mu par deux moteurs indépendants, les directions semblent se stabiliser et aller dans la même direction sonique, le seul contraste existant encore étant la voix de aiguë de Mondanile et les tonalités plus rêveuse de Martin Courtney, le chanteur de Real Estate. Ce sont les véritables balises qui servent à établir une provenance spécifique mais, indépendamment de cela, il est toujours agréable d’être confronté à n’importe quel type de musique notre jongleur laid-back a à nous présenter. St Catherine, le cinquième album de Ducktails est co-produit par Rob Schnapf (Elliott Smith) n’en est pas une exception.
L’instrumental « The Disney Afternoon » s’ouvre avec Mandanile s’amusant à traiter de manière appuyer les effets de ses riffs de guitare, tel un Shins qui aurait évolué vers le baroque avec une cascade de toms de batterie et de synthés grondants. Comme pour mieux nous tromper, « Headbanging In The Mirror » véhicule une atmosphère délibérement chill out pour évoquer James Ferraro, un musicien électronique de New York. Cette déclaration d’intention est d’autant plus parlante qu’elle se fait à contre-courant de ce à quoi on aurait pu s’attendre avec un titre de cette nature.
« Into The Sky » nous rappellera à quel point Mondanile sait manier la pédale fuzz quand il a besoin de nous asséner des trémolos mordants avec sa six cordes et un duo electro inattendu avec Julia Holter sur « Church » sera presque paradisiaque tant les deux vocalistes s’accordent.
Enfin, la chanson titre est une des plus charmantes qu’ai écrite le chanteur en termes de composition pleine de félicité apaisante avec une mélodie vertigineuse qui s’insinue en vous comme les vagues d’un océan sur la plage. St Catherine s’avère ainsi, d’une façon générale, un album tempéré et estival dont on se demande si il ne nous fera pas nous envoler vers des climats plus chauds.
***1/2