Rapid Talk: Interview de Alt-J

Après s’être formés en 2007 et avoir fait de la musique dans leurs »home studios »le groupe de folktronica Alt-J reçut en 2012 le Mercury Prize- pour leur « debut album », An Awesome Wave. Un son unique leur vaudra des milliers de fans dans le monde entier et, après un « single », « Hunger Of The Pine », le groupe vient de sortir son « sophomore album », This Is All Yours dont l’attention s’est peut-être un peu trop polarisée sur un sample emprunté à Miley Cyrus. Leur batteur, Thom Green, revient sur tous ces éléments alors que le succès frappe toujours à leur porte.

Est-ce que cette récompense du Mercury Prize et le succès de An Awesome Wave a entraîné de la pression chez vous pour This Is All Yours ?

Un peu ; nous étions bien sûr conscients que les gens allaient écouter ce nouvel album. Nous savions néanmoins que penser à cela en ayant ça à l’esprit n’allait pas nous aider aussi nous l’avons très vite étouffé dans l’oeuf. Quand on a commencé à travailler sur This Is All Yours on a essayé d’ignorer la pression. On savait qu’on était parfaitement capables de faire de la musique qui serait appréciée par le public même si ça n’est pas notre but principal. Au bout du compte, on s’est concentré uniquement sur la musique et, très vite, on a pu entrer dedans.

En quoi la composition et l’enregistrement ont-ils différé du précédent album ?

On a délibérément essayé de rester dans la même optique que An Awesome Wave. On pense qu’il est important de ne pas s’éparpiller. Si on avait été dans un gros studio d’enregistrement ça aurait été stérile car ça n’est pas ainsi que nous travaillons. On a écrit le premier disque quand on était encore à la fac, cette fois on a été dans un entrepôt à Londres près d’où nous habitons et on a commencé à écrire. On a ensuite été voir notre producteur Charlie Andrew à Brixton et on a enregistré avec lui. Il avait aussi produit An Awesome Wave aussi c’était aussi relax que ça pouvait l’être.

On vous a décrits comme un groupe « indie » pourtant vous avez un son particulier et unique. Vous avez grandi en écoutant quoi ?

J’écoutais beaucoup de « grunge » et de « metal » comme Nirvana et The Deftones. Ensuite je me suis mis à la musique électronique et expérimentale comme Aphex Twin. Joe (Newman) est, lui, plutôt axé sur l’Americana et le folk. Son père jouait de la guitare et il tournait aussi. Gus (Unger-Hamilton) a reçu une éducation classique au piano et il a écouté beaucoup de musique chorale. Ce sont ces différentes formations qui explique probablement pourquoi nous sonnons ainsi.

La nature semble être un thème important allié à votre son. On y trouve des allusions dans les deux albums et même dans certains titres ou vidéos.

Oui mais ça n’est jamais une décision délibérée. Je pense que l’humeur dans laquelle nous sommes quand on compose est assez organique. On aime vraiment produire des sonorités vives avec la guitare et le piano. Ce sont des instruments qui sonnent humains et je suppose qu’ils génèrent ces sons naturels.

Quelles sont vos autres idées et influences en termes de sons et de compositions ?–

Gus et Joe lisent beaucoup. Je ne lis pas de livres mais je trouve des tas de choses sur Wikipedia. On aiment tous le cinéma et c’est des films et des livres que Joe tire son inspiration pour ses textes. Il jette toujours des idées sur le papier et on a tous une « banque de mémoire » qui se rappelle souvent à nous.

On a beaucoup parlé du sample de Miley Cyrus sur « Hunger of the Pine ». Vouliez-vous que se crée une controverse et aller au-delà de certaines frontières ou est-ce que ça vous st venu comme ça ?

Ça sonnait bien, c’est tout. J’avais les plages vocales et les souches de son album pendant que je faisais un remix d’une de ses chansons. Les vocaux très secs avant le mix sont vraiment puissants et ils nous tournaient au-dessus de nos têtes alors qu’on faisait « Hunger of the Pine » et ça semblait commer à merveille. On ne l’a pas fait pour indisposer qui que ce soit même si on était conscient que ça risquait de se produire. Finalement on a décidé de la garder car il sonnait bien.

L’album a des tonalités très variées. Pourtant tout semble s’imbriquer de façon cohérente. Dans une époque qui semble préoccupée par le « single », écrivez-vous avec l’objectif de faire un album ou composez-vous des morceaux et vous préoccupez-vous du « tracklisting » par la suite ?

On se concentre sur les chansons. Une fois qu’on a une idée approximative on essaie de la peaufiner autant que possible pour en extraire le meilleur. Ensuite on ajoute ou supprime certains éléments et faisons ce qui est nécessaire pour arriver au moment où nous en sommes satisfaits. On n’a pas de véritable méthode à l’intérieur de ça pourtant. Le « tracklisting » ne se fait q’une fois l’album terminé ; pour nous c’est une décision consciente et très importante. On aime l’idée de l’album comme constituant une œuvre en soi du début à la fin. Bien sûr, les gens n’ont pas à l’écouter de cette façon mais c’est la signification que nous lui donnons.

Que veut dire This Is All Yours ?

Ça vient d’une peinture que j’ai faite à la fac. Le tableau lui même est tout jaune et a un rectangle noir où sont écrits ces mots : « This Is All Yours ». ce titre est une manière de signifier qu’il faut accorder de l’importance à ce qui est positif et se rappeler des choses que l’on a et non de celles que l’on a pas. L’art est un moyen d’expression libre que tout le mode peut ressentir et, selon moi, c’est une des plus belles choses de l’existence. Cela est en rapport avec l’album car, pour nous, la musique est un cadeau. Une fois enregistré et sorti, les gens peuvent se le procurer et il leur appartient d’y trouver ce qu’ils veulent.

Qui a fait la pochette alors ?

C’est une peinture à l’huile que j’avais faite en 2008 quand j’étais aux beaux-arts à l’université avec Joe. On voulait que ce soit quelque chose que nous avions créé. La pochette de An Awesome Wave appartenait à l’Agence Spatiale Européenne et ils nous ont autorisé à l’utiliser, mais rien de plus. À la fin c’est devenu problématique car on voulait mettre l’image sur des T shirts et autres produits et il étaient contre. On a voulu éviter cela pour le nouvel album et on s’est mis à feuilleter des anciennes créations jusqu’à ce qu’on trouve celle-ci.

Quels sont désormais vos objectifs maintenant que Alt-J est devenu votre boulot à plein temps ?

On veut continuer à faire une musique intéressante et surtout ne pas stagner. Ça peut sembler bizarre mais on souhaite également ne pas être définis que d’une seule manière. On aspire à être capables de bouger et, si on décide de faire quelque chose susceptible d’être moins commercial, pouvoir s’isoler sans nous aliéner les autres. On est vraiment ravis que les gens aiment nos disques ; cela nous donne beaucoup de confiance à nous montrer aptes à rester intéressants. C’est notre vie et nous la consacrons à nous améliorer.

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