Primus ont toujours été un des groupes les plus bizarres de la scène musicale ; les dignes héritiers de Frank Zappa pourrait-on dire. Chacun de leurs albums va toujours plus loin dans ce concept et Primus and the Chocolate Factory ne dérogera pas à cette règle où l’extravagance a droit de cité.
Comme son titre le suggère, le disque est un hommage à la délirante comédie musicale de 1971, Lilly Wonka and the Chocolate Factory dont Gene Wilder était la vedette. On ne pourra d’ailleurs pas dire que cette reprise intégrale de l’oeuvre soit facile à appréhender ni destiné au grand public.
La plupart de versions proposées ici figurent parmi les plus expérimentales jamais réalisées par le groupe mais elles sont délivrées avec une telle passion et un tel charisme que ce qui, à l’origine, à été un échec peut être considéré comme un acte d’amour.
Il faut dire que le film baignait dans l’irréel et dans une absurdité psychédélique qui ne pouvait que convenir à Primus et les chansons y sont aussi fantaisistes qu’on pouvait s’y attendre. Les synthés à la Goblin et l’outro de guitare à l’envers de « Pure Imagination » sont un compliment à ce qui est du domaine du surréalisme et la guitare surf conjuguée au violon de « I Want It Now » lui donne un swing gitan que le meuglement de la ligne de guitare façon Zappa rend irrémédiablement déjanté.
Il en va ainsi de tout l’album car même un titre plus tendre comme « Candy Man » se voit auréolé de tonalités sombres, comme si il était de bon ton de marier le macabre, la douceur et le ludique.
Pour cela, Primus sait varier ses arrangements et maintient ainsi le niveau de folie nécessaire sans que la formule tourne à vide. On ne pourra pas dire qu’ils sont inspirés par la version originale mais plutôt qu’ils en sont habités. En ce sens l’album est autre chose qu’un gimmick et on peut supposer que si, là-haut, le Père Zappa peut l’entendre il partira d’un grand éclat de rire approbateur.
***1/2