Dean Blunt est un artiste dont la mission semble être de vouloir nous embrouiller ; Black Metal semble y contribuer un peu plus.
Sa première partie est de l’indie-pop de la plus belle espèce ; guitares électriques qui forment des traces en filigrane au-dessus, d’autre, acoustiques celles-ci, le tout produisant un effet tamisé, presque anémié.
Pourtant ce ne sont pas véritablement des compositions : les morceaux sont en majorité des phrases musicales répétés, et ne deviennent des chansons que dans la mesure où il setrouve qu’elles occupent un espace particulier (par exemple une certaine durée).
Ensuite, vers le milieu de l’album, viendra « Forever », un morceau de treize minutes pile, débutant par des percussions exécutées par une boîte à rythme, deux accords de claviers en alternance, une ligne de piano et des vocaux sans mots féminins (probablement ceux de Joanne Robertson sa collaboratrice la plus fréquente). La mutation se fera ensuite mais n’ouvrira pas vers quelque chose de différent, comme un mouvement qui s’avèrerait statique.
Suivra « X », neuf minutes, une combinaison des deux qui pourrait être perçue comme ayant pour but de nous faire oublier ce qu’on entendait auparavant car les tonalités du reste de l’album n’y ressembleront en rien.
On va, en effet y trouver des éléments de dub (« Punk »), de bruit sans formes (« Country ») ou de soft-pop venant à la rencontre de rap et de collages musicaux (« Hush »). On voit ici une volonté de désacraliser les genres musicaux en donnant des titres n’ayant rien à voir avec le contenu des morceaux ; une tentative audacieuse de défier celui qui va écouter Black Metal.
Comme tout geste osé, celui-ci ne sera pas sans risques et on y trouve des moments où on sera plus confronté à de l’opacité qu’à de l’éclaircissement. Le premier élément semble offrir nulle entrée au point qu’on se demande si il est possible d’accéder à ce monceau si obscur que le centre nous en est interdit. Pour paraphraser Nietzsche le concept est ici « au-delà du bien et du mal » ; il en sera de même de cet album qui ne fait qu’exister, étrange et insaisissable.
***1/2