Depuis leur long hiatus, Josh Haden et Spain ont repris leur « spirituals » au ralenti, revenant sur les mêmes sentiers qu’ils avaient déjà foulés. Les différences sont imperceptibles, comme une coupe de cheveux sur un visage, et tout semble y fonctionner mieux en particulier grâce à la voix de Haden, plus légère, plus assurée peut-être.
Les titres, eux, n’ont pas variés ; ce sont toujours des hymnes pris sur ce même registre de dévotion comme « In My Soul » qui avance inexorablement tel un énorme vaisseau sur une mer calme accompagné par des textes répétitifs, avec les mêmes schémas, les mêmes préoccupations, le même Spain. C’est un titre de Spain par essence et il n’a pas besoin d’être autre chose.
Cette même formule hypnotique, cette fois grâce à la basse de Charlie Haden, accompagnera « You and I », un titre qui, lui aussi, trouvera pas et paix au moyen de la répétition.
Spain, plus que d’autres groupes, se sont appuyés sur des outils restreints, que ce soit au niveau des textes oi de la musique. C’est dans les petits détails que leur force prend son importance, mais c’est aussi dans ces moments qu’intervient ce qui va engendrer la perturbation
Ce sont eux qui vont faire toute la différence : les guitares désaccordées de « Love at First Signt » sonnent rebelles et la reddition au fuzz est symptomatique de cette légère évolution. Le flirt avec des structures plus conventionnelles (« Sunday Morning » est un bel exemple de chanson pop-rock énervée) relève de la même symptomatologie.
Spain a toujours été un groupe étrange du reste ; il s’appuie sur des textes remplis de clichés et ensuite, il répètent et répètent ce même cliché sur une structure aux fondements blues. L’émotion est, pourtant, le plus souvent présente : « To Be a Man » par exemple, où l’investissement vocal sur un schéma minimaliste force notre attention sur les nuance.s Ainsi on perçoit les subtiles différences qui sont en jeu, compliquées mais, en même temps, extraordinairement simples.
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