La voix de Christopher Denny n’a pas été aisée à définir au moment où il a sorti son premier album, Age Old Hunger, en 2007. Son vibrato aurait sans doute fait se retourner feu Roy Orbison mais il y a néanmoins une grand écart entre l’élégance éthérée de Big O et le timbre plus terre-à-terre et parfois éclairé par des traits d’humour de Denny.
Sept ans plus tard, If The Roses Don’t Kill Us est de la même veine, une alt-pop mâtinée de country rappelant également Jeff Buckley dans la manière dont les deux vocalistes évitent les attaques vocales gutturales pour faire, avant tout, passer une sensibilité aux antipodes de la virilité masculine.
Comme Willie Nelson dont il s’est inspiré à ses début, Denny a toujours été un rebelle par rapport à son environnement (l’Arkansas) et, si sur ce deuxième album il s’efforce de véhiculer un sens de confort plus évident, la tension est toujours de rigueur dans son « songwriting ».
Celle-ci se fait différente, par exemple désinvolte, inventive et à l’imagerie onirique sur « God’s Height » et « Million Little Things » ou la chanson titre font indubitablement preuve d’une individualité vive et excentrique.
Elle se manifeste également sur des titres plus âpres comme « Love Is A Code Word » ou un « Man A Fool » qui n’est pas sans évoquer le « Suspicious Minds » de Elmvis Presley.
Les mélodies demeurent toutefois agiles et elles friseront même le gospel sur un « Some Things » qui termineront If The Roses Don’t Kill Us de manière somptueuse. Voilà un album plein de surprises où l’émotion le dispute à certaines piques, il est le reflet du titre d’ouverture, un « Happy Sad » qui prouve qu’on peut naviguer entre deux sentiments opposés au même moment.
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