Meteorites est le douzième album studio de Echo & The Bunnymen, groupe dont le vocaliste Ian McCullough demeure un des leaders les plus immodestes que la pop anglaise ait pu connaître aussi il convient d’accueillir, comme d’habitude, avec des pincettes ses déclarations emphatiques sur ce nouvel opus.
Produit par Youth, ce qui est en soi un bon signe, il apparaît pour une fois comme le digne successeur de Crocodiles (1980) ; chose à laquelle le combo a toujours aspiré à réaliser depuis.
Les Bunnymen s’éteint longtemps complus dans une sorte de synth-pop incohérente et mélancolique qui rappelait de plus en plus des Doors qui seraient passés à la moulinette de l’édulcoration. Ils ont peu à peu déconstruit ce modèle mais sont toujours restés dans une pompe orchestrale (Ocean Rain) qui ne tranchait pas véritablement avec leur image.
Sur Meteorites, McCullough semble vouloir prendre la préséance aux dépens du guitariste Will Sargeant qui na rajouté que quelques parties instrumentales une fois les demos réalisées.
Le résultat en est une collection de titres alertes donnant une impression de marche en avant inexorable d’autant qu’elle est sous-tendue par une narration qui semble réaliste et moins brumeuse. L’inventivité de la fuzz va alors de concerts avec des morceaux qui montrent McCullough fermement ancré, pour une fois, dans un univers où la perte et le désespoir ne sonnent pas apprêtés. La chanson titre, est à cet égard, une merveille et « Constantinople » (avec ses emprunts à la musique orientale) ou « Market Town » sont des incursions dans des climats plus enlevés totalement battus en brèche par les textes sombres auxquels on ne peut qu’adhérer.
Il serait vain alors de comparer Meteorites à leurs meilleurs exercices, même si la comparaison est grande. Les chansons de McCullough ont beaucoup changé mais c’est un album qui a un pouvoir viscéral indéniable, une plongée au coeur de soi qu’on aurait eu du mal à imaginer chez le vocaliste ; cette approche dont il fait preuve ne peut que nous engager à embarquer dans le voyage intime qu’il nous propose.
***1/2