Durant le boom de l’indie dance au début des années 2000, The Faint se sont fait connaître en musclant avec flair leurs claviers grâce à des guitares. Leurs titres les plus mémorables, lle revivalisme new-wave de « Worked Up To Sexual » ou le post-punk gothique de Danse Macabre, restaient toutefois d’une énergie punk débridée et immédiate.
Doom Abuse est de ce tonneau (après un Fascination qui suscitait tout sauf son titre) en s’appropriant à nouveau la spontanéité et la verdeur de leurs meilleurs opus. Leur leader, Todd Fink, semble avoir retrouver une inspiration lyrique avec des textes abstraits empli d’imagerie religieuse et catastrophique et les riffs à la guitare ont un tranchant qui accompagne à merveille les thèmes du groupe ; la paranoïa, la nature émasculante de l’Amérique du business et l’angoisse par rapport au futur.
Parfois les vocaux de Fink sont si étouffés ou distordus par les effets qu’il est difficile de leur donner sens ; ce procédé d’imprécision est pourtant efficace pour que l’atmosphère de claustrophobie et d’aliénation prenne une signification aussi prégnante.
Comme sur un Danse Macabre « overdosé » à la caféine, Doom Abuse donne la part belle aux tempos nerveux, aux synthés crissants et aux percussions ravageuses. Le résultat est un patchwork nerveux de pogos synthpunk (« Evil Voices », un « Dress Code » qui rappelle Devo), d’electronica industrielle glaçante (« Animal Needs » , « Unseen Hand »), de punk métallique (« Salt Me Down ») ou de dance-pop allumée (« Scapegoat »).
La fin de l’album culminera avec « Damage Control » grinçant dont la synthpop évoquera le Human League des débuts mais, même avec son climat étranger au reste de l’album, le résultat sera effectif dans la façon où les textes de regrets et de chagrin nous parleront à nouveau comme dans le reste du disque. Qu’il soit peuplé par l’agitation ou la rumination, Doom Abuse est un album exemplaire pour dresser le tableau de toutes ce choses qui vont de guingois ou autour de nous, et à l’intérieur de nous.
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