Zigzagant sur les fissures de Animal Collective et son propre pseudonyme de Avey Tare, Dave Portner est un homme doté de multiples personnalités.
Quand les bribes de pop expérimentale tordue de son groupe tombent du bon côté, le fonctionnement de Portner va inévitablement lui faire invoquer la venue de nuages noirs comme sur son album solo, Down There en 2010, dont l’intériorité ne ménageait nul rai de lumière et où il laissait l’obscurité se faufiler tout comme les démons se glisser pesamment pour véhiculer une atmosphère de deuil.
Qu’il se confronte à ces éléments n’est pas nouveau et il n’est pas surprenant que ses derniers projets baignent dans une imagerie et un climat imprégnés de sang et d’une tension digne de Hitchcock.
Ce qui est surprenant par contre est que ce Enter The Slasher House concoté avec Angel Deradoorian des Dirty Projectors et le batteur de Ponytail Jeremy Hyman n’a que peu de ces éléments effrayants que son titre aurait pu suggérer.
Le penchant de Portner pour le funèbre et sa détermination à créer quelque chose qui , selon ses dires,« vient d’un endroit qui n’est pas humain » est largement circonscrite au nom du groupe et à celui de l’album.
Enregistré « live », c’est un album composé de guitares crasseuses et de mélodies tourbillonnantes dont le meilleur exemple serait « Duplex Trip » et l’esprit de carnaval de « Blind Babe » qui n’est pas sans évoquer Perry Farrell.
Ailleurs, « That It Won’t Grow » frappe dur avec une énergie et une guitare agressive incessante qui rappellera le Fuzzy Logic des Super Furry Animals et « Catchy (Was Contagious) » nous permettra de découvrir une facette imprévue de Portner, son aisance à mêler rythmes de calypso déformés et climats éthérés porteurs d’une’vague menace.
Enter The Slasher House nous impose son dynamisme au milieu de cette ambiance que Portner affectionne. On se croit plus à une fête macabre qu’à un cadre baignant dans le sang. Cette séance est peut-être circonstancielle mais son éclat ne nous empêchera pas de penser à ce qui se dissimule dans ces corridors éclairés partiellement.
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[…] assoiffés de sang exhibant des masquent de Freddy Kruger ou de la poupée Chucky avec un album, Enter the Slasher House dont le moins qu’on puisse dire est qu’il semble enfoncer le clou du Grand Guignol. […]