Musiques En Couleurs: Interview de I Break Horses

La tâche de sortir un « follow up » digne de ce nom à un Hearts couvert de louanges en 2010 n’allait pas être chose aisée pour Maria Lindén et Fredrik Balck, le duo de I Break Horses. Chiaroscuro a, par conséquent, suscité une grande attente et cet opus, à la première écoute, se révèle une affaire bien plus sombre que le précédent. Pourtant, comme le suggère son titre, il sait révéler progressivement des rais de lumière ; que ce soit sur l’ouverture cristalline mais mordue par le froid de « You Burn » ou sur la plage qui clôture l’album, « Heart To Know ». I Break Horse sont parvenus a créer un monde glacé mais de toute beauté, mais un monde qui laisse entrevoir une lueur. Maria Lindén en parle, tout comme de Twin Peaks et le fait de tourner avec un groupe renommé comme Sigur Rós.

Vous avez fait un long break avant de vous remettre au travail et l’attente s’est montrée justifiée. Comment s’est passée la remise en route ?

Très bien merci. On était, bien sûr, un peu nerveux. Quand vous en êtes à neuf compositions et que vous devez les concrétiser dans la réalité, tout peut semble étrange et irréel.

Pendant cette sorte de congé sabbatique, avez-vous reconsidéré Hearts en vous disant que c’était un beau disque et qu’il fallait désormais mettre la barre plus haut ? La pression du fameux « deuxième albium » s’est-elle fait sentir ?

Pour être honnête, ce premier opus a vraiment été cathartique pour moi, et ce de différentes manières. J’ai donc été très soulagée quand nous l’avons terminé et qu’il a pu sortir. C’était un peu comme si je ne pourrais pas profiter de la vie jusqu’à ce que sa production soit achevée. Très vite, j’ai à nouveau ressenti le besoin de jouer avec quelques idées qui sont venues s’incruster dans ma tête d’une façon assez relaxe et presque ludique. Je me suis également forcée à ne pas penser à la manière dont le deuxième album serait accueilli car cela aurait, fatalement, limité le processus créatif dans lequel j’aurais été.

Ce nouvel album se nommeChiaroscuro,qui se traduit en gros par les techniques et les traitements des effets de lumière dans un sens pictural. Aviez-vous cet aspect visuel en tête et pensez-vous que la musique fait appel à tous les sens et qu’elle trasmet toujours une image ?

Oui, je suis entièrement d’accord avec ce point de vue ! Beaucoup des idées de ce disque me sont venues en regardant à nouveau Twin Peaks pour la première fois depuis que j’étais jeune. C’est avec cette imagerie et son atmosphère générale à l’esprit que j’ai créé un certain nombre de sonorités sur l’album.

Même si demeure un climat « shoegaze », Chiaroscuro vire cette fois vers un son plus vif et électronique. Il semble également être un effort beaucoup plus collaboratif que le précédent. Travaillez-vous toujours en solo avant de le peaufiner avec Fredrik ou êtes-vous entrés dans un processus de travail en commun ? En même temps passer de l’un à l’autre peut avoir son utilité.

En fait, notre façon de travailler a été identique à celle de Hearts. Je crois que notre nouvelle direction en termes de sons a plus à voir avec notre désir de créer un disque qui se révèle plus sombre et obscur. IL était par conséquent naturel pour moi d’y apporter des éléments plus froids ainsi que de l’électronique. Vous avez raison, en revanche, de dire que c’est assez génial de pouvoir échanger vos idées une fois que les titres commencent à prendre forme.

Chacun de vos deux disques contient neuf chansons. Est-ce une coïncidence ou faut-il y voir un sens caché ?

Neuf est en fait mon numéro porte-chance mais c’était en fait une coïncidence. Je trouvais que 45 minutes était une bonne durée pour un album et il s’est trouvé que ça a fait neuf morceaux.

On peut difficilement ne pas être influencé par son environnement et, étant donné celui qui est le vôtre, je crois qu’on pourrait vous qualifier de groupe « hivernal ». Ce nouvel album me semble idéal à écouter avec un casque pour se fermer au monde extérieur, s’échapper et se baigner dans ses nombreuses plages soniques.

Oui, I Break Horses a indéniablement un son évoquant l’hiver. La Suède est un ebndroit où il fait sombre et froid la moitié de l’année. J syuppose qu’il n’y a aucune difficulté à en subir l’influence jusqu’à un certain point Mais, en ce qui me concerne, les morceaux et leurs nappes sonores, les structures des compositions possèdent aussi des couleurs plus chaudes !

« Weigh True Words » possède une pulsation assez irrésistible et mène parfaitement à « Heart To Know » qui me semble évoquer le réveil d’une personne avec comme un bruit de personne qui respire et cherche de l’air. Que pouvez-vous en dire, tout comme de la façon de les juxtaposer les uns aux autres ?

Merci, le son de quelqu’un qui suffoque et cherche de l’air est exactement ce que je recherchais sur ce titre. Son titre initial était d’ailleurs « The Iron Lung » (Poumon d’Acier). Il me semblait naturel d’associer ces deux compositions car car « Weigh Tue Words » a déclenché le mécanisme qui m’a fait écrire « Heart To KNow ». C’était comme si je me devais de terminer une histoire dont le premier titre avait été le début. Je pense, en général, que le « track listing » me vient naturellement, sans critères ou idées préconçus aussi je ne pourrais pas dire que ça m’a pris beaucoup de temps.

Il paraît que la majorité des titres sur Chiaroscuro a été composée sur piano et non avec l’aide de synthétiseurs. Pensez-vous que ça vous a libérée en tant que songwriter et vous a permis de vous concentrer plus sur les idées de bases plutôt que sur l’image globales ou l’atmosphère ?

Je crois que ça a tout simplement permis de faire en sorte que le processus allant des idées initiales au produit fini soit plus direct. Dès le début je sentais qu’il me fallait composer le noyau des morceaux sur un support plus limité qu’avec l’album précédent et que la production ne devait intervenir que plus tard. Sur Hearts, en revanche, j’ai passé des heures et des heures à créer des paysages sonores au moyen de synthétiseurs de pédales à effets dès le début et ensuite construire la composition à partir de cela. Je ressentais la nécessité de travailler différemment sur Chiaroscuro.

Vous avez fait une tournée avec Sigur Rós. Il n’y a rien de mieux qua dans jouer sur des grosses scènes pour vous affûter. Comment se prépare-t-on pour des shows comme ceux-là ? Vous faut-il changer votre approche quand vous jouez devant un public qui est essentiellement venu voir l’artiste vedette ?

Il y a une énorme différence car, quand vous ouvrez pour quelqu’un, vous devez diminuer votre équipement ainsi que le nombre de musiciens. On vous accorde moins d’espace aussi vous devez arranger vos titres de manière à ce qu’ils conviennent à un groupe élagué. On a, bien sûr, des sentiments contrastés quand, ensuite, on peut voir le groupe principal disposer de tout son équipement ainsi que ses effets visuels. Ça vous fait envie, mais peut également vous donner des idées. Ceci dit, quand vous tournez avec un groupe aussi fameux et génial que Sigur Rós, tout ceci passe au second plan et vous vous estimez chanceux de faire partie d’une expérience aussi fantastique.

Comment le public a-t-il reçu les nouveaux titres ? Est-ce que jouer « live » a changé le façon dont vous les voyiez et, comme l’ordre des titres est très important chez vous, envisageriez-vous de faire un concert qui reprenne le « track listing » du début à la fin ?

On a juste joué deux ou trois de nos nouvelles compositions et l’accueil a été plutôt favorable. Il est un peu tôt pourtant pour s’avancer. Nous avons notre propre show, avec le nouveau matériel et nous verrons ce qu’il en adviendra. Mais, si on regarde nos performances initiales, la façon dont je les considère s’est modifiée. Ça n’est pas nécessairement en tant que des chansons issues d’albums mais perçues comme des choses à interpréter « live » et ayant besoin d’un arrangement différent. Je jouerais volontiers un album en public en suivant l’ordre des morceaux si il y avait une demande du public mais, personnellement, je trouve plus excitant de créer une nouvelle expérience « live » à chaque fois.

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