The Octopus Project a autant de cordes à ses guitares qu’un poulpe peut avoir de bras. Technophiles consacrés sans pour autant faire de la techno, sorciers de l’électronique sans verser à fond dans l’electro, piliers du rock sans nécessairement en abuser ; la musique du quatuor ressemble à un kaléidoscope qui, depuis 14 ans, a écumé une gamme insensée mais soigneusement organisée d’explorations visuelles et soniques hautement énergétiques.
Leur problème a été, jusqu’à lors, de parvenir à transférer sur disque la vibration que leurs concerts émettaient. C’est, en partie, ce que réussit à faire Fever Forms, leur cinquième album. L’entrée en matière, « The Falls », est significative avec son duel de guitares explosif se disputant la suprématie de leurs riffs respectifs et les 12 plages vont très vite nous entraîner dans un torrent de mélodies vocales tourbillonnantes, emplies de réverbérations et de textes psalmodiés. « Pyramid Kosmos » fait perdurer cette prédilection à la folie en y incorporant un synthétiseur entreprenant et agressif scandant le rythme des percussions toute les huit mesures avant que celles-ci ne s’envolent dans les hautes sphères.
Le « single » « Whitby », nous fera brièvement retoucher terre avant que le voyage intergalactique ne reprenne avec le bref « Unspool » puis « Choi Signs » et « Perhap », un instrumental chargé de théramine, le plus ancien instrument électronique inventé en 1919. « Death Graduates », « The Mythical E.L.C. » et « Mmkit », eux, s’évertueront à dépasser, un peu comme Hawkwind et leur « space rock », la vitesse de la lumière et, pour prouver son éclectisme ravageur, le groupe se paiera le luxe de frayer aussi dans l’univers d’un optimisme, débridé lui aussi, que ce soit sur leur second « single » « Sharpteeth » ou sur la « power pop » de « The Man with the Golden Hand ».
The Octopus Project démonte, avec Fever Forms, qu’il n’est pas qu’un projet mais qu’il est passé au stade de la réalisation, de la concrétisation voire, peut-être, de la consécration.




