Adam Stafford: « Imaginary World Collapse »

Imaginary Walls Collapse est un album qui a failli ne jamais voir le jour dans la mesure où Adam Stafford, ex-leader de Y’all Is Fantasy et aussi cinéaste respecté, avait presque décidé de quitter la musique.

Le disque ne déroutera pas ceux qui sont familiers avec ses techniques d’enregistrement particulières : des riffs portant le poids de la « reverb » passés en boucles et créant des nappes sonores sur lesquelles vont s’entrechoquer boîtes à rythme et percussions massives. Ce pourrait être rébarbatif sauf que Stafford ne perd jamais, dans ses compositions, une certaine faconde lui permettant de créer d’essentielles accroches pop.

Son dernier « single », « Please », en est d’ailleurs la confirmation avec une orientation vers le marché américain très flagrante, et surprenante même pour cet artiste écossais. Tout l’album aura ainsi ce focus, parsemé d’embellissements soniques allant donc des « loops » à une utilisation inventive de pédales à effets, le tout accompagné de quelques gammes toutes simples à la guitare contrastant avec la complexité des arrangements.

Imaginary Walls Collapse est, à cet égard en contraste total avec une des précédentes productions, Awnings un album expérimental enregistré a capella. Ici, on a plutôt droit à une orchestration sans orchestre dans la mesure où le disque s’éloigne des boursouflures trop arrangées de certains de ses concerts et où le son est presque maigre. Cela rend l’opus plus impérieux d’une certaine manière dans la mesure où sa complexité donne envie de s’y plonger plus profond. « Invisible Migration » véhicule ainsi une atmosphère sinistre et des textes obliques clôturés par des effets en écho, le tout conduit pas un seul tempo, celui d’un accord de guitare, rendant l’ensemble hypnotique.

Le fait de s’entourer de musiciens ne rend pas pour autant le disque plus traditionnel ; ceux-ci n’interviennent que pour donner une armature aux morceaux les plus complexes, se mettant ainsi au service de la vison tordue de Stafford. Il en sera ainsi pour les vocaux doucereux de Siobhan Wilson concourant à accentuer l’effet de transe conféré à la distorsion de « His Acres », ceux de Anna Miles sur le cryptique mais engageant « Please » ou, enfin, avec un «  Sound of Fear Evaporating », expérimentalisme ajouré par une sensibilité pop.

Imaginary Walls Collapse est un album intense qui ne demande qu’à nous ouvrir les oreilles et chatouiller notre esprit. Il pourrait être un disque phare si il parvenait à réconcilier les tenants de l’expérimentation et ceux d’un rock ouvert désireux d’emprunter des sentiers aventureux sans y perdre pour autant son âme.

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