Quand ces béhémoths du métal que sont Isis se sont séparés, ils ont laissé un vide qui n’a pu être remplacé. La nouvelle que trois de ses membres s’étaient associés avec le leader des Deftones, Chino Moreno, on peut imaginer l’excitation, une excitation plus forte que Palms étaient en droit d’attendre.
L’essence de Paims est qu’il s’agit d’un groupe dont personne n’a idée et que ceux qui s’attendaient à une continuation de Isis seront forcément déçus. Il ne s’agit pas en effet d’une album frontal ; il ne possède pas ces riffs à vous scier les os et Moreno n’adopte pas un phrasé vocal qui soir-t agressif et défiant. Palms est un disque au tempo mesuré, du début à la fin, plutôt post-rock que post-metal mais parvenant néanmoins à ne tomber dans aucune des ces catégories. Le bassiste Jeff Caxide n’a pas été loin, d’ailleurs, de qualifier l’album de « pop » et il est vrai que sur certains plans il y a une recherche mélodique assez flagrante au milieu de ces constructions denses. La question qu’on pourrait se poser serait celle-ci : « Est-ce un disque de « post pop » ? » La réponse pourrait bien être positive.
L’ouverture, « Future Warrior », met les choses au point tout de suite : guitare « ambient » noyant nos perceptions dans un flux et reflux dont le crescendo va aboutir à des pics explosifs qui vont s’atténuer avant d’atteindre leur acmé. Les vocaux de Moreno sont emrunts de sensibilité, ballotés par les émotions musicales un peu comme une bouteille à la mer sur un océan de fausse quiétude.
Le contraste n’est qu’apparent, le chanteur n’est pas là un élément extérieur, il conduit la mélodie de l’intérieur ne laisant jamais la théâtralité prendre le pas pour éviquer les sentiments traversés. Le morceau forme un tout et lui s’insère dans ce collectif.
Stylistiquement nous ne sommes pas loin d’Isis, un climat expansif et se voulant panoramique et global, mais musicalement le morceau rappelle plutôt l’introspection d’un groupe comme The God Machine, ce qui n’est pas sans intérêt.
Il faut en effet une certaine patience pour s’emparer de l’album et s’y intégrer car ses compositions nécessitent du temps pour se dévoiler et se faire compréhensibles. « Antartic Hanshake » ppurait aisément se retrouver dans une compilation « ambient » à Ibiza sans détonner de par la qualité onirique dans laquelle il est enrobé, avec un Moreno enveloppé dans la gaze et tout proche de la somnolence. Les guitares de « Patagonia » scintillent de manière merveilleuse tout en semblant vagabonder sans but pour finalement s’ouvrir au sein d’une toile à la beauté délicate et presque féérique. Les lignes de six cordes clairsemées et le « fuzz » de l’electronica accompagnent la pulsation de « Mission Street » et prennent un aspect cosmique particulier avant que le morceau ne se ferme brusquement pour plonger dans des abysses internes.
Nous aurons droit ainsi à des explorations d’espaces extérieurs et intérieurs, passant de l’un à l’autre avec des enchaînements à peine perceptibles et Moreno épousant ces sinuosités en se montrant retenu à un moment ou énergique quand il le faut.
« Shortwave Radio » sera un exemple de titre glaçant, grâce avant tout à des guitares angulaires et perçantes qui voient Palms pencher vers la new wave avant de se précipiter en un crescendo ddont l’issue sera le tumulte. Moreno psalmodie comme s ‘il invoquait les cieux, y semble prêt de la transe au pont que son phrasé devient de plus en plus débridé et donnant libre court à ses impulsions. Ce sera la seule manifestation de chaos dans un disque qui se veut un océan de calme.
Palms est donc bien plus que les éléments qui le constituent. Moreno est sans doute au pinacle de son interprétation et le groupe semble fonctionner comme sis étaient destinés les une aux autres. Il serait plus que dommage qu’une telle expérience et avancée dans le domaine du métal s’arrête là.