Il serait réducteur de caractériser The Lumerians par l’endroit d’où ils viennent, Oakland où la scène musicale est protéiforme, et par la musique qu’ils produisent. Celle-ci ne connaît aucune frontière ni aucune limite, elle est par conséquent au cœur du psychédélisme que le combo revendique.
La chanson titre mêle rythmique partant dans tous les sens avant de se stabiliser et d’épouser une alternative plus stable et semblable à un cœur qui battrait régulièrement. Place sera donnée alors à des guitares ravageuses avant que le morceau ne retourne à son ADN original.
« Koman Tong » sera, de cette même manière, un trip sous acide gouverné par un climat enjoué mais fuzzy alors que « Dagon Genesis » donnera naissance à une cadence robotique dont on ne découvre jamais où elle va nous conduire. Les vocaux ne seront que des intermittences au travers de ces esquisses sonores ; « The Bloom », par exemple, va mettre en vedette une tonalité humaine transparente et déshumanisée créant alors une autre dimension à cet système en expansion qui est l’univers du groupe.
Il ne sera pas surprenant par conséquent de voir The Lmumineers opter pour l’expérimentation à la clôture de l’album. « Life Without Skin », titre révélateur, poussera le décharnement jusqu’à plus soif musardant entre arragements Krautrock serrés et lines de claviers qui nous transportent dans le royaume de la science-fiction.
Si Andy Warhol était encore là pour organiser des soirées, il n’y a aucun doute que The Lumerians seraient de la fête. Leur art à combiner instruments traditionnels et sons synthétiques rappelle les beaux jours de l’émergence de groupes comme Can ou Faust. Ils parviennent à sonner avant gardistes tout en gardant une armature plus basique et directe. The High Frontier est le témoin de ce monde qui n’en connait aucune ; il est une expansion de l’esprit tout autant que de la musique. Ne serai-ce que pour cela il dépasse allègrement un univers bi-dimensionnel dans lequel, outre Warhol, quelqu’un comme Dalí trouverait un écho à son tableau La Persistance de la Mémoire ainsi que Gauguin par le foisonnement naturaliste de sa pochette.




