John Fogerty: « Wrote A Song For Everyone »

Pour qui n’a pas connu Creedence Cleawater Revival au début des années 70, rappelons que ce groupe mené par John Fogerty véhiculait une image trop « americano redneck » pour avoir les faveurs des critiques. Leur musique puisait aux racines de la musique populaire US (blues, country, bayou) sur laquelle ils infusaient une bonne dose de guitares tranchantes et de vocaux musclés. Leurs compositions étaient rock mais trop accrocheuses et brèves pour faire cette chose honnie à une époque qui privilégiait les albums conceptuels, des « singles » qui furent pour la plupart ; autant de « hits » dans un Top 50 envahi par des sous-produits « middle of the road ».

Oui, CCR était un groupe « rock » malgré leurs chemises à carreaux, leurs jeans droits et leur cheveux mi-longs, oui Fogerty ne célébrait pas que l’American Way of Life comme peuvent en témoigner un « Bad Moon Rising » prophétique des temps futurs, un « Have You Ever Seen The Rain The Rain ? » sur lequel on peut dresser un parallèle avec le « A Hard Rain Is Gonna Fall » de Dylan ou un « Fortunate Son » qui adopte le point de vue de l’Américain de base pour dénoncer guerre, corruption, privilèges, ou autres.

Ce dernier morceau ouvre d’ailleurs Wrote A Song for Everyone (titre on ne peut plus fédérateur), album de reprises interprétées par Fogerty et une pléiade d’invités. Sur la chanson précitée, il s’agit des Foo Fighters qui injectent un sang suffisamment fébrile pour redonner vie à la hargne de l’interprétation initiale. On remarquera d’ailleurs, tout au long de l’album, combien la voix de Fogerty est restée égale à elle-même : fiévreuse, enragée, furieuse et viscérale.

De ce point de vue-là, certains titres ne peuvent pas mourir, « Fortunate Son » en est un exemple mais il n’est pas le seul. Le travail sur « Lodi » (avec Shane et Tyler Fogerty) est tout simplement remarquable transformant la complainte du morceau initial en véritable célébration et, quand la voix de Bob Seger accompagnée du piano délicat de Bob Maalone se mêle à celle de Fogerty sur « Who’ll Stop The Rain », c’est comme si le compositeur de « Against The Wind » rencontrait un compagnon de route.

La plupart des musiciens restent proches d’ailleurs des racines musicales des compositions. Allen Toussaint and The Rebirth Brass Band et de Jennifer Hudson recréent l’authenticité d’un « Proud Mary » véritablement universel et même Kid Rock semble marcher comme l’ombre fidèle de Fogerty sur un « Born on the Bayou » merveilleux hybride entre lee « swamp rock » et le rap.

Comment ne pas être heureux, alors, de retrouver le Fogerty d’aujourd’hui, avec deux inédits d’une solidité à toute épreuve (« Mystic Highway » et « Train of Fools ») même si d’aucuns auraient opté pour d’autres choix ? Disons-nous qu’il y a abondamment matière pour un Volume 2 et saluons la prérennité d’un artiste qui, bien avant Bruce Springsteen, avait su capturer le mal-être et le mécontentement, non seulement de la jeunesse hippie, mais aussi de l’Américain moyen, cette masse de gens plongés, aujourd’hui comme à l’époque de la guerre du Viet Nam, dans la ces petits boulots qui ne mènent nulle part, si ce n’est à encore plus de détresse et de ressentiment.

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