Sous le nom de Daughter, trois Londoniens font depuis plusieurs années une musique subtile et doucereuse « ambient » et « bliss pop ». Leur premier album, If You Leave, les voit approfondir leur son élaboré sur plusieurs EPs. Elena Tonra en décrypte un peu plus pour nous.
Vous avez pas mal tournée ces derniers mois.
En Janvier surtout. Mais nous sommes dans une phase de répétitions car un quatrième musicien s’est joint à nous et nous allons jouer avec lui pour les prochains concerts. Notre but est de recréer l’album aussi bien que possible, comme pendant l’enregistrement où nous n’étions pas restreints par trois instruments.
À quoi ressemble le processus d’enregistrement par rapport à celui d’écriture pour vous ?
Ils sont totalement séparés. J’ai besoin d’être seule pour écrire mes textes. Je me mets dans une pièce sombre et ensuite j’improvise avec Igor (Haefeli, guitare). Ensuite nous travaillons les arrangements et ça a toujours été satisfaisant pour nous dans la mesure où on se donne chacun de l’espace.
Votre son est assez « gros », presque progressif. Il est étrange que vous le décriviez comme étant du folk.
Cette étiquette vient de moi car, auparavant, je m’accompagnais uniquement de ma guitare et que notre premier EP était vraiment dépouillé. Ça n’était pas délibéré ; il se trouvait juste que nous n’avions pas beaucoup d’équipement. Sur le deuxième, le son était plus étoffé car nous avons travaillé en studio avec un producteur. On est vraiment heureux de l’album, surtout Igor.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
À la fac de musique, dans un cours sur la composition. Remi Aguilella y étudiait la batterie. Igor et moi on s’est mis à jouer ensemble et ça m’a intéressée car ses idées étaient différentes des miennes. Quand on a commencé les concerts, on a demandé à Remi de venir.
Votre style de musique était-il le même qu’aujourd’hui ?
On n’a jamais eu d’idée prédéfinie sur ce que serait notre son. C’est venu quand on a commencé à jouer. Si on devait le décrire, je dirais qu’il vient de personnes qui écoutent des choses différentes. Igor aime les atmosphères et l’électronique, Remi a sa propre manière de jouer des percussions et moi, je suis plus concentrée sur les textes.
Qui sont vos musiciens favoris ?
Je suis d’une nature poétique en terme de « songwriting ». Jeff Buckley a été une de mes sources d’inspiration principale, surtout quand j’étais adolescente. Ensuite j’ai écouté Radiohead et Thom Yorke. Son univers est assez abstrait mais très émouvant. Cela vous touche sans que vous sachiez pourquoi. Mon père jouait beaucoup de Neil Young et de Dylan et ma mère était très fan de David Bowie. Donc, depuis mon plus jeune âge j’ai été fascinée par les grands compositeurs.
Pensez-vous avoir une carrière aussi longue que celle de Bowie qui vient de sortir un nouvel album ?
Il faut savoir s’arrêter. Mais je serais très déçue et en colère envers moi-même si je n’avais pas été capable de progresser à chaque nouvelle aventure musicale. C’est ce que j’aime chez Radiohead, ils évoluent sans cesse. Je ne veux pas me retrouver dans une situation trop confortable et faire la même chose que ce qui a marché précédemment.
Vos textes sont très chargés. Dans quelle mesure sont-ils personnels ?
Ils le sont en grande majorité mais il m’est difficile de dire comment le processus d’écriture me vient car je n’en sais rien. Je ne me dis jamais que je vais écrire une nouvelle chanson, j’attends plutôàt que l’inspiration me saisisse. Je n’ai pas non plus de carnets où je noterais des idées. Il peut y avoir des émotions, une vision déformée de la réalité ou des observations pures et simples mais j’essaie toujours d’y mettre de la poésie.
Et vous avez signé pour 4AD…
Oui c’est cool car c’est un label qui cherche des personnes créatives et qu’ils nous ont laissés faire l’album tel qu’on le voulait… En meêm temps, vu la richesse de leur catalogue on se disait qi’on avait intérêt à être à la hauteur !