Honeys est le quatrième album de ce quatuor d’origine ouvrière de Philadelphie. Pour un groupe dont les affinités se situent dans la contestation du monde actuel avec un répertoire axé sur le hardcore et le « noise rock », ce disque est beaucoup plus délicat à étiqueter. On y trouve toujours matère à les comparer à Black Flag ou aux Misfits, mais Honeys montre que le combo a décidé d’explorer d’autres genres avec, en premier lieu, une production plus ample et un son plus ouvert donnant un côté moins éjaculatoire à ses précédents opus, mais maintenant toujours ce dédain ironique qui transperçait au travers de ses compositions.
On trouvera, en outre, des éléments de « math rock », de post punk ou même de jazz alternatif ; évolutions qui sont d’autant plus à remarquer qu’elles s’inscrivent toujours dans le cadre de morceaux ne dépassant pas les trois minutes.
Les structures des percussions se font moins binaires et plus complexes et les riffs de guitares, tout aussi acérés qu’ils demeurent, sont plus élaborées, passant du métronomique à des moments où ils se fondent dans l’arrière-plan. En effet, la basse prend, sur Honeys, une importance inégalée enveloppant l’album et lui donnant une aura beaucoup plus menaçante qu’un simple son guttural pourrait transmettre.
Pissed Jeans restent néanmoins fidèles à une certaine idée du primal ; la tonalité garage est encore là et la production complémente les compositions de manière idéale en préservant un côté « vintage » qui sonne toujours aussi authentique et débarrassé des clichés.
Honeys donne le sentiment qu’il a été enregistré en analogique, sur un vieux lecteur de cassette et Pissed Jeans qu’ils domptent le passé pour mieux explorer le futur.




