Mono est un groupe expérimental japonais qu’on pourrait qualifier de post-rock et dont la particularité est de laisser de côté les vocaux pour se concentrer uniquement sur une musique atmosphérique dans laquelle rock et classique se mélangeraient.
Ils se sont, par conséquent, de plus en plus appropriés les instruments de ce dernier style en incorporant violes, violons, tympanis, contrebasse ou violoncelle.
Ce nouvel album, le onzième, les voit s’y plonger de manière de plus en plus profonde au point même que les arrangements englobent désormais toutes les facettes de ce que la musique contemporaine peut comprendre.
Les morceaux ne sont qu’au nombre de cing et sont composés de longues plages qui amalgame avec fluidité le répétitif, l’hypnotique, le dense et l’explosif, bref tout ce qu’on peut attendre d’un groupe post-rock.
L’intérêt de For My Parents est que l’album se structure à l’envers de ce à quoi on est habitué. Il se concentre en effet sur les détails, l’ambiance, les mélodies et des harmonies riches et pleines.
« Nostalgia » ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà le groupe ; c’est le titre le plus conventionnel avec des cordes qui, peu à peu, laissent la voix à une guitare frappée de manière rapide, accords ouverts et vifs se conjuguant à des percussions qui prennent peu à peu leur essor.
Ce sera d’ailleurs la seule entorse à cet ensemble en constant mouvement à chaque enregistrement. « Legend » est un exercice assez impressionnant d’équilibre entre une tension qui s’élève à peine avec des orchestrations légères et une interprétation instrumentale comme en sourdine. « Unseen Harbour » la dissonance est contenue et presque contrecarrée par des mélodies plus traditionnelles qui se chevauchent comme en un méandre, des orchestrations visant à à la transcendance tant elles sont aériennes et de vifs éclairs rock.
La résultante en est une musique déconcertante mais c’est précisément grâce à ce chaos maîtrisé que l’auditeur maintient son attention. Celle-ci ne sera pas troublée par la coloration méditative de « A Quiet Place (Together We Go) » avec ses délicats arpèges à la guitare électrique et ses violoncelles délicats apportant touches bucoliques, tristesse et presque tendresse ; ce moment précieux où mélancolie se confond avec majesté
On sent que Mono se met au service de sa musique plutôt que le contraire et que c’est en visant ainsi à une abstraction de plus en plus prononcée que Mono réussit à susciter l’émotion. C‘est cet équilibre presque parfait entre épure et âpreté, entre Classique et Rock qui peut atteindre l’auditeur suffisamment doté d’ouverture d’esprit pour se montrer capable d’y trouver du cœur.