Mine de rien, Mystic Pinball est le 26° album de John Hiatt. Et comme le gaillard nous a habitués à une certaine appétence dans sa façon d’alterner les climats de ses disques tout en restant dans le même registre « rock roots », on ne sera pas étonné à ce que Mystic Pinball ne fasse pas exception à la règle.
Dirty Jeans & Mudslide Hymns s‘ornait d’une production très lissée sur un support en majorité acoustique, ce nouvel opus renoue avec l’intensité d’une guitare électrique légèrement funky et de la toujours présente voix rocailleuse et brisée de Hiatt. Bref, l’artiste change tout en ne changeant pas, à l’image d’une production qui restera confiée, comme sur le disque précédent, à Kevin Shirley.
Mystic Pinball s’ouvre sur un « We’re Alright Now », classique qui nous met instantanément dans l’humeur avec sa gigantesque ligne de basse précédent la guitare, une slide énorme et un chorus qu’on jurerait tout droit sorti du Exile on the Main Street des Stones.
« Bite Marks » vous rappellera le son crasseux et presque graveleux de ZZ Top et « It All Comes Back Someday », lui, développera une intensité qui se situe dans le domaine de l’exaltation avec son chorus immense.
La versatilité de Hiatt est exemplaire et impressionne tant il est capable de faire cohabiter climat inquiétant et jeu d’esprit ( »Wood Clipper »), blues craquelé (« My Business ») avec une inévitable ballade remplie d’émotion (« I Just Don’t Know What To Say ») ou avec un « I Know How to Lose You » qui ne déparerait pas les « charts » à Nashville.
Si la production reste simple, elle se montre néanmoins serrée et performante, aussi bien quand Hiatt évoque les cul-terreux du Mid-West que quand il fait preuc=ve de panache et d’humour dans ses récits de déracinés solitaires.
Bien qu’il ait soixante ans, il parvient à rendre touchante une histoire d’amour comme si il était encore un jeune homme en faisant l’apprentissage ; c’est, en effet, le mérite de ce professionnel de ne jamais sonner blasé et de promener encore un répertoire empli de passions et dénué de simulacres.
Le bonhomme aurait pourtant de quoi tant on se surprend à se dire, au détour de telle ou telle composition, qu’elle fait penser à Springsteen, Steve Earle ou John Mellecamp avant qu’on ne réalise que ce sont eux qui sonnent comme du John Hiatt !