Paul Banks: « Banks »

Que reste-t-il d’Interpol si ce n’est le souvenir d’un «  new wave revival  » et la voix de baryton de Paul Banks dont il ne faut pas oublier qu’il déjà chanteur avant de rejoindre le groupe  ? Au milieu des années 90 il avait adopté le pseudonyme de Julian Plenti pour des concerts acoustiques avant de participer à l’aventure Interpol. C’est sous ce même pseudonyme qui l’avait vu sortir un album en 2009, Julian Plenti Is Skyscraper ; Banks peut, par conséquent, être considéré comme son premier véritable disque solo.

Que reste-t-il d’Interpol dans Banks pourrait-on aussi se demander ? Déjà, il ne sonne pas comme un disque d’auteur-compositeur dans la mesure où il n’a rien de cette vibration acoustique de Julian Plenti ; il n’en est pas pour autant une resucée de sa carrière précédente. Bien sûr, demeurent certains aspects « interpoliens », on ne change pas une voix qui chante peut-on dire, et certaines tonalités perdurent (ascèse, aridité). Certains titres, instrumentaux pour la plupart, continuent à véhiculer un sentiment de nulle part ou de nul être (« Lisbon ») et, même quand Banks se veut plus « pop » et adorne les guitares de sonorités claires (« No Mistakes » par exemple) le morceau se fait, peu à peu, plus violent et perturbant.

Ces mêmes sensations parcourent le disque, en particulier sur les titres d’ouverture. « The Base » se veut luxuriant avec un déluge de couches vocales et d’arrangements qui serpentent mais les deux ce Banksmorceaux qui suivent semblent vouloir contrecarrer les élans « pop » que leurs mélodies recèlent pourtant. Ainsi, la fluidité d’« Over My Shoulder » aurait pu en faire un « single » parfait si elle n’n’était parcourue par un pont désarticulé ; de la même manière, « Arise Awake » aurait pu être convivial et reposant si les guitares acoustiques qui lui servaient d’introduction n’étaient pas supplantées par une atmosphère « chill out » à la Radiohead.

On le voit, Banks est, de ce point de vue, emblématique de ce que son chanteur apportait à Interpol. Néanmoins, quand il lâche un peu la bride, « I’ll Sue You » avec ses guitares en reverb et ses vocaux « laid back » , « Summertime Is Coming » qui porte avec adéquation son titre, ou quand il aborde la problématique de la nostalgie (l’ambivalence de « Young Again » ou un « Paid For That » au ton acrimonieux), on sent alors que le terme « album solo » prend tout son sens.

Ajoutons, en outre, la profondeur d’un timbre de voix qui donne, enfin, la sensation qu’il se sent plus à l’aise dans ce répertoire et on comprendra pourquoi ce Banks revendiqué est un « Banks » le plus souvent justifié et on ne peut plus à propos..

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