Il semblerait qu’il y ait un « revival » du « shoegaze » même si ce duo originaire de Nouvelle Zélande utilise plutôt le terme de ‘skygazing » pour qualifier son travail. Leur premier album, The Waves, avait marqué les esprits ; celui-ci s’efforce de donner plus de strucure et de profondeur à leur démarche. « Profondeur » n’est d’ailleurs peut-être pas l’appellation appropriée quand on considère des titres comme « Afterlight », « While You’re Sleeping, I’m Dreaming » ou « Heavenly Bodies » qui semblent à cet égard pointer vers la direction opposée.
En outre, si on doit trouver référence au « shoegazing », ça n’est pas du côté de groupes comme Ride qu’il faudrait trouver apparentement mais plutôt vers des artistes comme Bilinda Butcher (pour les chuchotements charmeurs), Julee Cruise (pour la petite touche surréaliste) ou Slowdive et Cocteau Twins pour cette culture du son éthéré visant à la majesté grâcieuse.
Tender New Signs est par conséquent un titre révélateur puisqu’il pointe vers de nouveaux horizons mais ne se départit pas de son élégance et d’un certain raffinement. Ainsi, « Heavenly Bodies » bien que rythmiquement laborieux au point de faire croire qu’il est l’archétype de la composition « shoegaze », se révèle presque gracile par son léger bourdonnement des guitares et sa mélodie au léger voile brumeux. La construction-même du titre est révélatrice tant, progressivement, le morceau s’élève vers quelque chose de plus riche et de plus brillamment éclairé dans son chorus.
L’important, pourtant, ne se situe pas dans cette émulation de schémas déjà parcourus. Si « Prizma » fait preuve d’une sensualité d’autant plus prégnante qu’elle se montre subtilement elliptique et « The Garden » opu « Afterlight » sont emblématiques de ce que « joliesse » peut vouloir dire, c’est quand le duo s’éloigne des canons qu’il revendique que la progression se fait la plus féconde.
« I’m Gone » voit les vocaux de Tamaryn (la chanteuse) craquelés par les guitares percutantes et kaléidoscopiques de Shelverton comme pour rendre organiques et presque primales les allures doucereuses du morceaux et « While You’re Sleeping » ou « I’m Dreaming » voient leurs présentations oniriques heurtées de plein fouet par des six cordes psyché rock où la « reverb » sert de toile de fond.
La dramaturgie ne serait pas complète sans un « No Exits » qui frise la pâmoison aussi bien pour l’auditeur que pour l’interprète ou « Violets in a Pool » qui clôture l’album sur une note glaçante et presque funéraire.
Que dire de cette conclusion si ce n’est qu’elle semble naturellement couler de source ? Partant d’influences digérées, Tender New Signs se révèle comme un presque « road album » émotionnel, passant de l’éthéré au profane (Beach House n’est pas loin) puis nous transportant à nouveau vers l’élévation même si celle-ci se révèle endeuillée. Dans un cas comme dans l’autre, le rêve n’est jamais absent ; il nous révèle simplement nos parts d’ombre dans l’achèvement de cet itinéraire.