Silver Age, voilà un bien joli titre pour un artiste dont la carrière s’étale, depuis Hüsker Dü, sur plus de trente ans. Dire qu’il a été un des personnages les plus influents de la scène rock est donc un euphémisme et ce (déjà!) dixième album solo ne fera que rendre justice à son importance.
Mould n’est d’ailleurs pas que prolifique, puisque ses dernières productions l’avaient vu se frotter éclectiquement à des schémas plus électroniques (Modulate, District Line) ; on peut donc voir dans se retour à des formats plus « power punk pop » une forme de réflexion dont la publication de son autobiographie l’année dernière était sans doute le signe.
On va retrouver donc des exercices familiers ; refrains enlevés comme s’il s’agissait d’hymnes « rock », guitares galvanisantes comme s’il avait ressuscité son power trio Sugar. « Star Machine » ouvre ainsi le disque sur des riffs acerbes rappelant Nirvana ou les Foo Fighters et un morceau comme « Keep Believing » est emblématique de cet effort et cette réussite à présenter un délicat contraste entre distortions et harmonies vocales pleines d’élévation. Il est également ébouriffant d’admirer l’énergie monumentale se dégageant d’une « The Descent » tout bonnement ahurissant ou un « Round The City Square » qui pourrait bien devenir un classique de la « power pop ».
Bien sûr, on peut se demander ce qui a pu pousser ce vétéran de 52 ans à revenir à ses premiers amours. Notons la présence de ses musiciens les plus fidèles, Jason Nadurcy à la basse et le batteur de Superchunk, Jon Wurster. Mais, cette fois-ci, Mould a choisi de les faire jouer de la manière la plus féroce possible ce qui rend Silver Age débridé comme jamais. Ainsi, même les morceaux les plus tempérés (« Steam of Hercules » ou « First Time Joy ») sont, d’une part, luxuriants et, d’autre part, véhiculent cette efficacité dont on réalise qu’elle ne s’éloigne jamais de son but initial (ce fameux « focus » dont parlent les Anglo-Saxons).
On pourra juger alors que Bob Mould se raccroche de façon trop appuyée à son passé. Mais il le fait avec une vigueur et une conviction telles qu’il parvient à faire plus qu’emporter le morceau par la façon dont il est preuve vivante de cette dextérité à réaliser au mieux ce qu’il sait faire de mieux.
Au bout du compte, Silver Age porte bien son nom. Il est témoignage d’un artiste qui assume avec brio son héritage musical et ce qu’il a apporté à la « scène indie rock » ; il est tout simplement le récit d’un être qui prend en compte et intègre l’âge argenté dont il est devenu porteur.