Dark Dark Dark : « Who Needs Who »

Wild Go, le précédent album de cet ensemble de Minneapolis mené par Nona Marie Invie et Marshall Lacount aurait indéniablement mérité de figurer dans les coups de cœur tant la musique proposée : orchestrations atypiques, emplies d’influences cosmopolites, de mélodies charmeuses et de vocaux oscillant entre candeur et gravité était un véhicule parfait pour un voyage dans la contrée des émotions. Cette complicité entre les deux leaders permettait de jouer avec des humeurs parfois contradictoires mais, le couple s’étant séparé, Who Needs Who (titre bien révélateur) va se révéler composer de ce que les anglo-saxons nomment des « break up songs ».

Musicalement ce nouvel opus va ainsi démarrer, sur « Who Needs Who », là où le précédent semblait s’être terminé avec une ballade plaintive au piano peuplée d’échos puis s’élevant peu à peu en spirales d’accordéons discordants et de cuivres comme pour souligner les incertitudes émotionnelles dont les textes sont le révélateur. « It’s A Secret » reprendra, peu ou prou les mêmes procédés accentuant ainsi de façon directe, on pourrait dire honnête, la nature des sentiments qui chavirent. Le ton se fera même parfois accusateur (« I want to live in a time when you cherished me » sur « Tell Me ») ce qui est plutôt surprenant quand on sait que le groupe préfère d’ordinaire opérer sur des registres plus nuancés et peuplés d’ombres. « Hear Me », par exemple, avec son introduction toute en percussions fait comme mettre à plat, rendre parlant, articuler de façon expressionniste ce que peut être le statut de deux êtres ne s’entendant plus. On notera alors l’absence de point d’interrogation dans le titre de l’album, laissant la question de la responsabilité de l’échec amoureux plus ouverte aux interprétations, un peu comme si Who Needs Who voulait dessiner toute le palette des contradictions dont on est la proie au travers d’une épreuve.

Qu’est-ce qui va alors empêcher d’adhérer totalement à ce disque comme on avait pu le faire à Wild Go ? Sans doute, dans un premier temps, un retour à des orchestrations plus traditionnelles, voire minimaliste, comme si la musique se devait de correspondre de façon directe à une intimité mise à nue de façon plutôt tranchée.

Ce qu’on gagne ainsi en authenticité, on le perd en subtilité et en originalité et on se retrouve assez souvent en manque de ce foisonnement d’instrumentations se croisant tout en n’empiétant pas l’une sur l’autre.

Vocalement même, Invie sonne comme ayant abandonné tout sens des tonalités pour se cantonner dans un rôle, qu’il soit plaintif ou emporté, plus que monocorde.

Enfin, les mélodies de Who Needs Who sont dépourveus de la force accrocheuse de l’opus précédent. Lors d’une rencontre avec le groupe, en été 2012, il avait évoqué ce nouvel album en des termes très volontaires du style « excellent ». On aurait aimé qu’il en ait été ainsi lors des multiples écoutes de ce Who Needs Who construit et intelligent ; mais force est de dire qu’il manque singulièrement de ce nectar qui avait été capable de nous enflammer précédemment.

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